Suzanne Destier monta à la tribune. Face à elle, une foule était rassemblée dans la petite salle. Ces gens n'étaient pas tous là pour acclamer leur candidate favorite, bien peu d'entre eux savaient qui elle était. C'était uniquement la curiosité qui les avait poussés à se rassembler autour de la scène. La candidate, tête de la liste Francovie Unie, commença son discours.
Francovars, une fois de plus vous êtes appelés à voter. Bien sûr, on ne peut que se réjouir du dynamisme démocratique de notre pays. Mais on peut aussi s'interroger sur le bien-fondé de ces élections à répétition ! Comment une équipe gouvernementale peut-elle mettre en place une politique crédible en si peu de temps ? Mais nous y reviendrons plus tard. Aujourd'hui, je suis venu vous parler d'avenir, l'avenir avec un grand A majuscule comme celui qui se trouve derrière moi !
Quelques applaudissements timides se firent entendre.
Les partis qui nous gouvernent depuis la chute de Jallan ont fait du mieux qu'ils pouvaient, mais ça n'est pas assez pour nous. Nous devons retrouver une unité dans notre pays ! L'unité, un mot que beaucoup ont oublié ! Depuis des temps très reculés, notre pays est divisé. Aujourd'hui, pour la sauvegarde de ses valeurs, pour sa survie, le pays doit s'unir ! Nous devons mettre un terme au pouvoir des clans ! Nous garderons certes nos territoires, Picabie, Almara ou Mézénas font toute la force de notre nation, mais nous devons unir ces territoires et les rassembler dans une fédération qui saura veiller sur les intérêts du peuple tout entier. Nous devons faire de la Francovie une république fédérale ! J'aurai probablement l'occasion dans les prochains jours de vous parler de tout cela, en même temps que je vous exposerai la réforme du système électoral qui est non seulement dépassé mais aussi injuste car il ne prend pas en compte les aspirations réelles du peuple de Francovie, il place en premier la satisfaction des désirs égoïstes des clans !
Des applaudissements chaleureux accompagnèrent ces dernières paroles. Visiblement, le discours de Suzanne Destier était apprécié.
Passons à présent à l'économie. Dans notre pays, elle est balbutiante et, je l'avoue, bien peu efficace. Aujourd'hui, il est bien difficile de savoir où habitent chacun et chacune des Francovars, comment ils se nourrissent et où ils travaillent ! Nous devons revoir entièrement notre système économique et fixer des règles claires que tous peuvent comprendre ! Nous devons trouver un système qui permettra à chaque citoyen d'avoir un compte bancaire, de percevoir son salaire et de faire des achats. Ce que nos dirigeants n'ont pas encore compris, c'est qu'il est nécessaire de faire des lois pour le fonctionnement même de notre pays et pas seulement pour celui de ses institutions. Ce n'est pas en fixant un salaire de façon arbitraire que l'on fait tourner une économie, ce n'est pas non plus l'oeuvre du hasard, non, mes amis, non, ce n'est pas comme ça que je conçois la gestion d'une grande micronation, ce n'est pas mon idée du pouvoir politique ! Les salaires des employés, des ouvriers, des policiers et des militaires doivent être fixés par une loi mais aussi celui du Président, des Ministres et des députés ! De la clarté, voilà ce dont nous avons besoin ! Que toutes ces choses soient discutées au Parlement et que des lois soient votées !
Les applaudissements furent très chaleureux. Pour la suite et la fin du discours, Suzanne Destier fut même obligée d'élever la voix pour se faire entendre au milieu des ovations d'un public dynamisé et convaincu par l'éloquence de la Mézénienne.
Mes amis, tout cela ne sera pas possible sans vous ! Nous devons tourner le dos une fois pour toutes à tous ces partis politiques qui ont échoué ! Nous devons faire de la Francovie un pays uni, car c'est un pays qui a un destin et ce destin est grand, tellement grand, tellement plus important que tout le reste ! Mes amis, j'ai besoin de vous, aidez-moi ! Que vous soyez de Picabie, d'Almara ou d'ailleurs, je vous aime, vous êtes la Francovie éternelle, vous êtes le peuple de Francovie ! Vive la République et vive la Francovie !