Francovie Télévision 1

Une femme est plongée dans la lecture d'un livre. Elle se trouve dans l'une des salles d'un immense palais. Il s'agit de la Princesse Irulan Corrino. S'apercevant de notre présence, elle interrompt alors sa lecture.

Princesse Irulan : Un commencement est un moment d'une délicatesse extrême. Sachez que nous sommes en l'an 10191. L'Univers Connu est dirigé par l'Empereur-Padishah Shaddam IV, mon père. En ce temps, la substance la plus précieuse de tout l'univers est l'Epice, le Mélange. L'Epice allonge la vie. L'Epice accroit le champ de conscience. L'Epice est vitale pour les voyages intergalactiques. La Guilde Spatiale et ses Navigateurs utilisent l'Epice sous la forme d'un gaz orange. Grâce à ce gaz dans lequel ils sont immergés dès leur plus jeune âge, ils peuvent prédire le chemin le plus sûr entre deux planètes. Mais cette utilisation a fait d'eux des mutants et ils n'ont plus rien d'humain. L'Epice ne se trouve que sur une seule planète dans tout l'Univers. Une vaste planète, aride, désertique. Cachés au plus profond des déserts de cette planète vit un peuple féroce, rebelle à l'Empire, les Fremens. Ce peuple croit en une vieille prophétie, la venue d'un Messie, un Sauveur qui les libérera à jamais de l'oppression. Cette planète est Arrakis, aussi connue sous le nom de...



















L'immense vaisseau guildéen se plaça en orbite et bientôt, une navette en sortit et se posa quelques instants plus tard sur le spatioport du Palais Impérial. La Guilde ne souhaitait pas que cette visite soit remarquée et préférait rester discrète. L'Empereur avait été averti de l'arrivée du Navigateur et attendait de le recevoir dans la grande salle du trône de son Palais, désertée par les courtisans et les nobles de la Cour, à qui on avait demandé de sortir.

La Révérende Mère Gaïus Helen Mohiam se dirigea vers l'Empereur. Elle était sa Conseillère la plus proche et sa Diseuse de Vérité. Nul ne pouvait lui mentir.


Shaddam IV : Un Navigateur de la Guilde sera bientôt là.

Mohiam : Nous sentions sa présence, Sire. Il arrive.

Les portes s'ouvrirent et des représentants de la Guilde entrèrent, escortant une cuve aux parois opaques. L'un des représentants aperçut la Conseillère. "Que la Sorcière du Bene Gesserit s'en aille !", dit-il. L'Empereur demanda à la Soeur de les laisser. Celle-ci alla dans une autre salle de laquelle elle allait discrètement suivre l'entretien.

Les parois de la cuve devinrent alors translucides et le Navigateur apparut, immergé dans le gaz orange. Il était difforme, ses bras et ses jambes tournoyaient et lui permettaient de rester sur place et il respirait le gaz orange à travers des ouïes qu'il avait sur le cou.


Shaddam IV : Avez-vous fait bon voyage ?

Le Navigateur : Nous avons replié l'espace depuis Ix. Beaucoup de machines, sur Ix, de nouvelles machines, plus performantes que sur Richèse. Mais fort heureusement, aucune qui ne viole l'interdit Butlerien.

Shaddam IV : Nous sommes seuls, à présent. Vous pouvez parler.

Le Navigateur : Empereur Shaddam, vous êtes transparent. Je vois beaucoup de choses. Je vois des plans à l'intérieur des plans, deux Maisons en conflit, la Maison des Atréides et la Maison des Harkonnen, et je vous vois, vous, derrière tout cela. Vous devez tout nous révéler.



Shaddam IV : Les Atréides créent une armée secrète de pointe, usant d'une technologie inconnue de nous, qui fait appel aux sons. Le Duc devient de plus en plus populaire au sein du Landsraad, il constitue une menace pour moi. Depuis 80 ans, les Harkonnen exploitent l'Epice, sur Arrakis et j'ai demandé aux Atréides de les remplacer, ils ne pourront pas refuser. A point nommé, le Baron Harkonnen reviendra sur Arrakis et reprendra la planète par la force. J'ai promis au Baron cinq légions de mes Sardaukar, afin de les soutenir.

Le Navigateur : Ainsi, les Harkonnen vous débarrasseront des Atréides et personne ne saura rien de votre implication dans cette affaire.

Shaddam IV : Oui, personne ne doit savoir que je suis mêlé à tout cela.

Le Navigateur : Autre chose. Je souhaiterais vous parler d'un petit détail. Nous, Guilde, pressentons un léger problème au sein même de la Maison des Atréides. Paul Atréides.

Shaddam IV : Vous voulez parler du Duc Léto Atréides, son père.

Le Navigateur : Je parle de Paul Atréides. Nous voulons qu'il soit tué. Bien entendu, tout cela doit rester entre nous, je ne suis jamais venu ici, vous ne m'avez jamais rencontré.

Shaddam IV : Oui, je vous comprends.




Le Navigateur repartit, laissant l'Empereur intrigué de savoir que la Guilde voulait la mort du jeune Atréides. La Révérende Mère Mohiam était elle aussi circonspecte. Elle rejoignit les Soeurs, dans une aile du Palais qui leur était réservée.


Mohiam : Nous devons aller sur Caladan, voir Paul Atréides. Nous partons immédiatement.


Elle pressentait beaucoup de choses pour ce jeune homme de 15 ans. Le temps était venu de lui faire passer l'épreuve.

Princesse Irulan : Lors de la Grande Révolte, la Guerre contre les Machines Pensantes, les armées de l'Empire avaient demandé le soutien des Harkonnen pour une bataille décisive. Mais le chef de la Maison Harkonnen avait bien peu de courage et, pris de panique devant les horreurs de la bataille, il s'enfuit, laissant son Etat-Major et ses hommes désemparés. Des milliers de soldats de l'Empire tombèrent et sans l'intervention des Atréides, la bataille, et probalement la guerre, auraient eu une issue tragique. Le chef Harkonnen connut la honte et la disgrâce et il fut banni pour couardise. Les Atréides furent au contraire couverts d'éloge pour leur bravoure et leur héroïsme. Depuis ce jour, les Harkonnen entretiennent une haine féroce pour les Atréides.




Le Baron Vladimir Harkonnen fixait du regard l'image-solido d'Arrakis, en trois dimensions, qui flottait au milieu de son bureau. Il avait convoqué ses deux neveux, Feyd-Rautha et Glossu-Rabban. Piter de Vries, le Mentat de la Maison Harkonnen, attendait patiemment dans un coin de la pièce.


Baron Vladimir Harkonnen : Feyd, Rabban, observez cette planète. N'est-elle pas le lieu idéal pour un piège machiavélique ?


Le Baron se déplaça lentement, il tourna autour de l'hologramme et son visage se refléta sur les sables d'Arrakis. Il souffrait d'une maladie mystérieuse, son corps autrefois svelte et musclé pesait à présent plus de 300 kilos standards et il ne pouvait plus se déplacer sans les suspenseurs placés autour de sa taille qui l'arrachaient à la gravité, à un mètre du sol, ces jambes ne pouvant plus le porter.

Feyd-Rautha et son frère, Glossu-Rabban, étaient deux hommes très différents. Feyd était un homme athlétique et à l'esprit vif. Agé d'à peine 20 ans, il avait déjà combattu les esclaves-gladiateurs dans l'arène triangulaire de Baronnia, la capitale planétaire de Giedi Prime. Rabban était d'une grande cruauté mais il n'avait pas la finesse et l'intelligence de son jeune frère.


Glossu-Rabban : Il y a bien longtemps que nous aurions dû frapper ces Atréides ! Pourquoi avoir recours à des manoeuvres sournoises et compliquées ? Frappons-les sur Caladan, et débarrassons-nous d'eux !

Feyd-Rautha : Mon frère s'emporte trop vite. Il est parfois bon de prendre son temps avant d'abattre un ennemi. Le plaisir n'en est que plus grand.

Baron Vladimir Harkonnen : Vois-tu, Feyd, Rabban aspire à diriger un jour la Maison Harkonnen mais il n'est même pas capable de se diriger lui-même ! Patience, mon neveu, patience ! Piter, veux-tu expliquer à Rabban et Feyd ce que tu as mis au point ?


Piter de Vries, telle une fouine, s'avança alors et se plaça devant les deux neveux du Baron.


Piter de Vries : Le plan qui nous permettra d'anéantir la Maison des Atréides exige le plus grand secret. Feyd, Rabban, soyez des plus discrets. Aucune des Maisons du Landsraad ne doit savoir que le Baron et l'Empereur ont comploté ensemble. Si elles l'apprenaient, elles uniraient leurs forces contre notre Maison et l'Empereur et nous détruiraient. Nous allons quitter Arrakis, partir de cette planète misérable et...

Glossu-Rabban : Quitter Arrakis ? Vous renoncez à l'Epice, mon Oncle ?

Baron Vladimir Harkonnen : Rabban, Rabban, je t'en prie, laisse Piter poursuivre !

Piter de Vries : Oui, nous allons quitter Arrakis car l'Empereur va donner cette planète aux Atréides.


Rabban avait encore une objection à formuler, mais le regard noir de son oncle lui fit comprendre qu'il ferait mieux de se taire.


Piter de Vries : Puis, quelques temps après, nous reviendrons sur Arrakis, soutenus par des Sardaukar de l'Empereur et nous écraserons les Atréides !

Baron Vladimir Harkonnen : Oui, nous les écraserons. Piter a bien travaillé pour la Maison des Harkonnen. Grâce à lui, nous avons un agent sur place, une personne proche, très proche du Duc Léto Atréides, et c'est lui qui le frappera. Et quand il le frappera, il saura, il saura ! Il saura que c'est moi, le Baron Vladimir Harkonnen, l'instrument de son funeste destin !


Le Baron s'éleva un peu plus dans les airs et eut un rire démentiel. Rabban et Feyd sourirent, se réjouissant de la fin proche de leurs ennemis héréditaires. Le plan était parfait et ne pouvait échouer, qui pouvait résister à une attaque combinée des soldats Harkonnen et de cinq légions de l'Empire ? Bientôt, le sang des Atréides coulerait sur les sables d'Arrakis.

Princesse Irulan : Le puissant Ordre Féminin des Bene Gesserit a entrepris depuis des millénaires le plus audacieux programme génétique. Ce programme doit aboutir à la naissance d'un sur-être, le Kwisatz Haderach, un être capable de maitriser le temps et l'espace. Entièrement sous le contrôle des Soeurs, cet homme leur permettra de mener l'humanité vers un nouvel avenir et à un niveau supérieur. Membre du Bene Gesserit et participant au programme, Jessica, concubine exclusive du Duc Léto Atréides, a reçu l'ordre de ne concevoir que des filles. Mais par amour pour le Duc, Jessica lui a donné un fils, Paul.






Paul était assis à une table, dans la bibliothèque de Castel Caladan, la demeure des Atréides. Plus que toutes les autres pièces du Castel, c'était sa préférée. Devant lui, un livre-bobine était ouvert. D'une simple pression sur une image, celle-ci s'animait et la voix enregistrée de l'instructeur et Mentat Thufir Hawat prodiguait son enseignement. Paul lisait à voix haute.


Paul Atréides : Ici, Arrakis, la planète des sables, source de l'Epice Gériatrique.

Thufir Hawat : Arrakis, que les Fremen appellent Dune. Les Fremen vivent en tribu. On ignore précisément leur nombre. L'autre habitant d'Arrakis est le Ver Géant des sables. Le Ver est réceptif à toute forme de vibration ou de bruit. Les moissonneuses collectent l'Epice tandis que des guetteurs surveillent l'arrivée éventuelle d'un Ver. Celui-ci est capable d'engloutir en quelques instants une moissonneuse et tout son équipage.

Paul Atréides : Et ici, Giedi Prime, les Harkonnen. L'ennemi.

Thufir Hawat : Le Baron Harkonnen a juré de détruire les Atréides et de s'emparer de l'anneau sigillaire du Duc Léto.


Derrière lui, Paul entendit la porte s'ouvrir. S'interrompant dans sa lecture, Sans se retourner, il sourit.


Paul Atréides : Je sais, Thufir, je ne devrais pas tourner le dos à la porte. Mais j'ai reconnu vos pas dans le couloir, toi, le docteur Huey et Gurney Halleck.

Thufir Hawat (avec un sourire amusé) :  Un jour ta témérité finira par te jouer un tour.

Gurney Halleck : Paul, nous partons bientôt pour Arrakis. La première vague décolle demain matin. Nous partirons quelques jours plus tard.

Thufir Hawat : Bien des dangers nous attendent sur Arrakis. Les Harkonnen n'abandonneront pas si facilement leurs bénéfices colossaux et il n'est pas impossible qu'ils aient placé des pièges pour nous nuire.

Paul Atréides : Je sens le piège, Thufir, un piège tendu par les Harkonnen mais derrière, je sens une autre, la main de l'Empereur. Puisque nous savons tout cela, pourquoi acceptons-nous d'y aller ?

Thufir Hawat : A cause de la puissance que cela donnera à la Maison Atréides. Mais nous savons ce que cela cache et tu l'as deviné. La première étape pour éviter un piège, c'est de connaitre l'existence de ce piège. Mais plus terribles que les Harkonnen, il y a les tempêtes qui rongent la chair jusqu'à l'os et il y a le Ver Géant des sables.

Paul Atréides : Docteur Huey, les Vers des sables sont-ils aussi gigantesques qu'on le dit ?

Docteur Huey : Les plus petits font environ 120 mètres de long. Mais dans le Désert Profond, au-delà de la Zone Interdite, on raconte que certains atteignent 400 mètres de long !


Duncan Idaho, le Maitre d'Armes des Atréides, entra alors. Bien qu'il ait le double de l'âge de Paul, il était pour lui un ami très proche.


Duncan Idaho : Paul, je suis venu te dire au revoir. Je pars demain matin. Ton père m'a demandé de servir d'intermédiaire entre les Atréides et les Fremen. Je dois m'efforcer de créer une alliance avec ce peuple.

Paul Atréides : Sois prudent, mon ami. Que la main de Dieu te protège.

Duncan Idaho : Que la main de Dieu nous protège tous.






Princesse Irulan : En tant que Révérende Mère, Gaïus Helen Mohiam avait accès à toutes les Autres Mémoires, l'esprit des Révérendes Mères qui l'avaient précédée mais aussi de ses ancêtres. C'est un secret que nous, Bene Gesserit, avons su garder au fil des siècles. Ces Autres Mémoires lui parlaient parfois, la conseillaient. Mais elles ne tentaient jamais de s'imposer. Elles restaient discrètes et ne lui parlaient que si Mohiam leur posait une question.



Paul était dans son lit. Il dormait, mais son sommeil était agité par un rêve. Ou peut-être était-ce une vision ? Il avait remarqué à plusieurs reprises que certains de ses rêves se réalisaient, ils vivaient des instants, des événements, qu'il avait auparavant connus en rêve. Depuis quelques temps, un visage revenait souvent, celui d'une jeune femme, belle, presque irréelle. Elle se tournait vers lui et lui demandait : "Usul, parle-moi de ton monde natal". Puis l'image disparaissait. La Deuxième Lune d'Arrakis se levait. Une tempête de sable se levait. Il vit le sang, les flammes, des armées détruisaient tout sur leur passage. Puis il se voyait, il pleurait et il tenait un tout jeune bébé dans ses bras. Il savait que c'était son fils. Et la jeune femme revenait, et lui reposait alors la même question.

Dehors, la pluie tombait sur Castel Caladan. Jessica sortit pour accueillir Gaïus Helen Mohiam. Elle connaissait la raison de la venue de son ancienne instructrice, sur Wallach IX, la planète-mère des Bene Gesserit. "Elle vient pour faire passer à Paul l'épreuve de la boite", pensa-t-elle, pleine de tristesse. "Aucun homme n'a jamais survécu à cette épreuve. Ce soir, je perdrai peut-être mon fils".

Elle ouvrit la porte à la Révérende Mère. Celle-ci entra, suivie d'autres Soeurs. Elle vit la dureté dans son visage. Très vite, la conversation tourna autour de l'épreuve et autour de l'acte de désobéissance de Jessica, 15 ans plus tôt.


Mohiam : Jessica, tu sais que cela doit être fait.

Jessica : Mais, Révérende Mère, il est encore si jeune !

Mohiam : Tu n'étais guère plus âgée que lui quand tu as passé l'épreuve. Par la Sainte Mère, Jessica, à quoi pensais-tu quand tu lui as donné un fils ? Nous t'avions demandé de concevoir une fille !

Jessica : Il avait tellement besoin d'avoir un fils, cela comptait beaucoup pour lui ! Et j'ai juré de ne jamais regretter ce que j'ai fait !

Mohiam : Une fille Atréides aurait été unie au plus jeune des neveux Harkonnen, de cette façon, nous serions sans doute arrivées à l'aboutissement du Programme ! Quelle décision insensée tu as prise ! A présent, toi et ton fils vous allez peut-être devoir payer le prix. Jessica, ma meilleure élève et ma plus grande... déception. N'attendons pas plus longtemps. Où est-il ?


Les deux femmes prirent la direction de la chambre du jeune garçon, poursuivant leur conversation. Elles entrèrent toutes deux. Encore dans son lit, Paul les entendit, mais il garda les yeux fermés.


Mohiam : Je te le dis, Jessica. Il est possible que toi et ton fils vous surviviez. Mais pour le père, tout est perdu (se tournant vers le lit de Paul) Il nous entend, je le sens. Il est réveillé. Lève-toi et habille-toi, jeune Paul Atréides. Je veux te voir dans le salon de ta mère, immédiatement !


Quelques minutes plus tard, Paul retrouva sa mère et Mohiam. Jessica posa le regard sur lui.


Jessica : Paul, voici la Révérende Mère Gaïus Helen Mohiam. Obéis-lui en tout.


Paul vit la peur dans les yeux de sa mère. Jessica sortit. Mohiam demanda à Paul de venir à elle. Ce dernier ressentit alors les muscles de son corps qui ne lui obéissaient plus ! "La Voix", pensa-t-il. "Elle utilise la Voix sur moi !". Les mots l'enveloppèrent et leur écho le poussa, l'obligea à avancer, en dépit de sa volonté. Mais bientôt, il put résister.


Mohiam : Allons !! (allons !!) Approche !! (approche, approche !!)

Paul : Non !

Mohiam : Impressionnant ! Maintenant, viens jusque ici (Viens !!! ICI !!!!).


Paul ne put rien faire pour résister à la Voix, cette technique de contrôle que les Soeurs du Bene Gesserit maitrisait parfaitement. Sans l'avoir voulu, il se retrouva à genoux devant la vieille femme. Elle sortit alors une boite de ses jupes. Un déclic, et la boite s'ouvrit.



Mohiam : Mets ta main dans la boite.

Paul : Qu'y a-t-il dans cette boite ?

Mohiam : Souffrance ! Mais attention ! Sens-tu ma main près de ton cou ? Au bout de mon doigt se trouve le Gom Jabbar, une aiguille trempé dans un poison mortel. Le poison ne tue que les animaux.

Paul : Oseriez-vous prétendre que le fils du Duc serait un animal ?

Mohiam : Disons que nous pensons que tu pourrais être humain. Un humain pourra endurer toutes les souffrances si celui permet de rester en vie. Voilà toute l'épreuve : garde ta main dans cette boite et tu vivras. Retire-la et tu meurs. A présent, tu vas sentir une démangeaison. Puis la démangeaison devient irritation, puis elle devient chaleur, Puis brûlure, fer rouge, sur fer rouge, sur fer rouge !


Paul sentit la douleur monter en lui. La peur le saisit. Il imagina sa main en feu, sa chair tombant en lambeaux. Sa souffrance était intolérable. Mais il n'avait pas oublié la menace du Gom Jabbar contre son cou. Il devait tenir. "Je ne connaitrai pas la peur", répéta-t-il. 'La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. J'affronterai ma peur, je la laisserai passer à travers moi".


Mohiam : La Litanie contre la Peur ? Je vois que ta mère t'a bien enseigné !

Paul : Je ne connaitrai pas la peur, La peur est la petite mort... Je ne connaitrai pas... J'ai mal !! J'AI MAL !!!


La douleur cessa brutalement. Comme si quelqu'un avait appuyé sur un quelconque interrupteur.


Mohiam : Assez ! C'est assez ! Jamais un homme né d'une femme a enduré une telle douleur ! Allons, retire ta main de la boite et regarde-la, jeune humain.


Paul s'attendait à voir un moignon calciné au bout de son bras mais sa main était là, intacte.


Mohiam : Douleur par induction nerveuse. Bien des personnes voudraient connaitre le secret de cette boite. Paul, dis-moi, connais-tu la Transe de Vérité ? C'est le rituel par lequel passe toute future Révérende Mère. Lorsque nous passons ce rituel, nous allons en bien des endroits, en vision. Mais il est un lieu, terrifiant pour nous autres les femmes, où nous ne pouvons regarder. Il est dit qu'un jour, un homme viendra. Là où nous ne pouvons aller, il ira. Beaucoup d'hommes ont essayé cette Transe de la Vérité.

Paul : Ils ont essayé et ils ont échoué ?

Mohiam : Non. Ils ont essayé et ils sont morts.


Jessica entra alors. Elle fut soulagée de voir son fils en vie.


Mohiam : Jessica, il semblerait que ton enseignement lui a été profitable. Mais je pense qu'il lui faut la Voix. Il est probable qu'il l'a déjà pratiquée, mais il doit la maitriser, pour sa survie.

Paul (se relevant brutalement) : Au diable, ma survie ! Je vous ai entendue tout à l'heure ! Vous parliez de mon père comme s'il était mort ! Mais il est vivant ! Il est vivant ! Qu'arrivera-t-il à mon père ?

Jessica : Paul, je t'en prie calme-toi.

Mohiam : Tu devrais apprendre à plus te contrôler, jeune Atréides. La colère ne mène à rien. Jessica, n'oublie pas. La Voix. Je dois retourner sur Kaitain.





En orbite autour de Caladan, le Long-Courrier Interplanétaire de la Guilde Spatiale patientait. En montant les marches de sa navette, Mohiam poussa un soupir : "Il ne peut pas être l'Elu. Non, c'est impossible, le Plan ne peut pas s'être trompé. Et pourtant, est-il possible que nous ayons commis une erreur ?".



Dans son esprit, les Autres Mémoires ne lui répondirent pas.

Princesse Irulan : La première vague des vaisseaux Atréides partirt pour Arrakis le jour suivant. Duncan Idaho était du voyage. Il avait reçu comme mission de nouer les premiers contacts avec les Fremen. Le Duc Léto comptait trouver un allié dans ce peuple féroce et guerrier. Le reste de la Maison des Atréides le rejoindrait plus tard.




Le ballet incessant des navettes duraient depuis plusieurs jours. Elles partaient en direction des cargos de la Guilde, placés en orbite autour de Caladan. Jessica dirigeait les préparatifs du départ. Elle regarda en soupirant le tableau du Vieux Duc Paulus, le père de Léto. C'est de lui que Paul tenait son prénom. Le tableau trônait dans le hall d'entrée. Il représentait le Vieux Duc dans sa tenue de matador. Jadis, lors de l'une de ces corridas qu'il offrait régulièrement à son peuple, il avait été tué par un taureau de Salusa, que des conspirateurs avait drogué. Il aimait offrir ce spectacle à ces sujets, car il pensait que pour pouvoir demeurer à leur tête, il devait susciter chez eux de l'admiration. Jessica donna ses ordres à un domestique.


Jessica : Je veux que ce tableau soit placé dès maintenant dans une navette. Prenez-en grand soin, le Duc y tient particulièrement. Nous le mettrons dans ses appartements privés, sur Arrakis.

Duc Léto : Non, ma chère, ce tableau sera accroché dans la grande salle à manger. Lorsque nous recevrons nos invités, je veux que tous puissent le voir.

Jessica : Comme il vous plaira, mon Seigneur.

Duc Léto : Veuillez dire à Paul que je souhaite le voir. Je l'attendrai dans mes appartements, je m'y rends dès à présent.


Le Duc Léto tourna des talons sans même attendre la réponse de sa concubine. Même s'il y avait un amour profond entre eux, leur rang leur imposait d'être plus réservés en public, surtout devant les domestiques. Parfois, Léto avait le coeur brise de ne pouvoir épouser Jessica, mais son père lui avait souvent répété de ne jamais se marier par amour. "Laisse donc cela au petit peuple, mon garçon", lui disait-il. "Tu te dois de penser en priorité à la Maison des Atréides. Et tu dois toujours être prêt à un mariage politique. Rien ne doit contrarier une union avec une autre Maison". Jessica savait cela. Quand le Duc l'avait choisie sur Wallach IX, la planète-mère des Bene Gesserit, elle avait été mise au courant des usages en vigueur dans les Grandes Maisons. Mais très vite, ils étaient tombés amoureux l'un de l'autre. Et c'est pour cette raison qu'elle lui avait donné un fils, provoquant la colère des Soeurs. Jessica soupira à nouveau en regardant le portrait du Vieux Duc.


Jessica : Soyez maudit, maudit, maudit !

Paul : A qui parlez-vous, Mère ?

Jessica : Paul, je ne t'ai pas entendu arriver. Je me parlais à moi-même. Où étais-tu, je ne t'ai pas vu de toute la journée ?

Paul : J'ai assisté au départ de Duncan. Et j'ai passé la journée à m'entrainer avec Thufir, dans la salle d'armes.

Jessica : As-tu bien dormi ?

Paul : Non, pas très bien. Je fais toujours ces rêves étranges. Et je suis encore un peu perturbé après l'entrevue avec la Révérende Mère des Bene Gesserit.


Paul regarda sa main droite en prononçant ses mots. Jessica repensa à l'épreuve qu'elle avait elle-même subie plusieurs années auparavant, lorsqu'elle vivait sur Wallach IX.


Jessica : Paul, ton père veut te voir. Il est monté dans ses appartements.

Paul : Je monte le rejoindre.


Il déposa un baiser affectueux sur la joue de sa mère puis partit. Il rejoignit son père qui était sorti sur le balcon



Duc Léto : Paul, mon fils. Nous devons parler. Thufir Hawat sert la Maison des Atréides depuis 3 générations. Il m'a dit qu'il n'avait jamais connu un élève aussi brillant que toi. Je suis fier de toi !

Paul : Je veux que vous soyez fier de moi, Père !


Paul regarda son père, se rappelant les paroles de la vieille Bene Gesserit. "Pour le père, tout est perdu". Tous les deux se tournèrent vers la mer. L'air marin emplit leurs poumons. Au loin, le cri des mouettes se faisait entendre.




Duc Léto : Caladan me manquera. La mer me manquera. Mais les nouvelles expériences nous sont toujours bénéfiques. Elles éveillent des choses qui sont enfouies en nous. Une partie de nous sommeille et ne s'éveille que rarement. Paul, le dormeur doit se réveiller.



Ces dernières paroles pénétrèrent Paul, elles se déversèrent dans son esprit et l'emplirent d'une nouvelle connaissance. Il eut soudain la certitude que quelque chose l'attendait, quelque part. Un but terrible. Il ne pouvait lui donner d'autre nom. Il regarda à nouveau la mer, mais le bruit des vagues n'atténua pas le tumulte qui s'était emparé de lui.

Princesse Irulan : Tio Holtzman vécut il y a des milliers d'années, C'est lui qui mit au point le générateur qui porte son nom et qui permet aux Navigateurs de la Guilde de replier l'espace. Il travaillait nuit et jour, sans relâche, s'enfermait pendant plusieurs semaines dans son laboratoire. Il sombra peu à peu dans la folie et mourut jeune, à 32 ans, mais ses travaux ont changé le destin de l'humanité à tout jamais.



Les voyages dans l'espace présentent un grand paradoxe. Se déplacer d'une planète à l'autre ne dure que quelques minutes mais les préparatifs s'étalent sur plusieurs jours.

Duncan Idaho était déjà parti sur Arrakis et il devait sans doute avoir déjà pris contact avec les Fremen. Sur Caladan, le départ se rapprochait. Depuis une semaine, l'armada de navettes avaient rejoint le vaisseau gigantesque de la Guilde qui attendait dans l'espace. Le Duc Leto, sa concubine Jessica et leur fils Paul furent les derniers à quitter Caladan. Ils étaient accompagnés par Thufir Hawat, le Docteur Huey et le fidèle Gurney Halleck. Léto avait jugé plus sage de garder une force armée importante sur sa planète, ses ennemis étaient nombreux et il ne pouvait laisser son peuple à la merci d'une attaque.

Ils décollèrent et prirent la direction du Long-Courrier interplanétaire, un vaisseau aux proportions démesurées.






Nageant dans sa cuve saturée de gaz orange, un Navigateur était plongé dans une vision, déterminant le trajet le plus à même de replier l'espace sans risquer l'accident. Les boucliers étant strictement prohibés à l'intérieur du Long-Courrier, car ils fonctionnaient selon le même principe que les générateurs Holtzman et leur présence pouvait troubler la concentration du Navigateur. Depuis la création de la Guilde, il y a plusieurs milliers d'années, il n'y avait eu que 2 accidents. Conséquence de l'interdiction des boucliers à bord, l'intérieur d'un Long-Courrier était une zone où les rivalités et les conflits devaient être oubliés et faire feu sur un vaisseau dans le ventre du Long-Courrier était un crime d'une extrême gravité.

Quand toutes les navettes furent solidement arrimées, les générateurs Holtzman se mirent en route et sans que les passagers en ressentirent le moindre effet, l'espace se plissa autour du Long-Courrier.


Quelques minutes plus tard, il se trouvait dans l'orbite d'Arrakis. Les navettes prirent leur envol peu après et bientôt, Arrakeen, capitale planétaire, apparut.






La navette du Duc Léto et de sa famille se posa et ils en descendirent. Les Atréides prirent possesion d'Arrakis.







Craignant que leurs ennemis les Harkonnen avaient laissé sur Arrakis des commando-suicides, Thufir Hawat fit doubler la garde. Mais on mit rapidement la main sur quelques dispositifs qui n'auraient pu causer que des dégâts mineurs. Une autre personne chargée de la sécurité de la forteresse s'en serait réjoui mais Thufir Hawat n'était pas de ceux-là. Il se fiait uniquement à sa logique et aux statistiques et son jugement était implacable : les pièges étaient découverts un peu trop facilement et cela l'inquiétait.

Ayant vu que les Atréides avaient débarqué, Duncan Idaho s'empressa de se rendre a Arrakeen afin de faire son premier rapport à son Duc. De son côté, Léto était impatient de savoir ce que son Maître d'Armes avait à lui dire.


Duncan Idaho : Mon Seigneur, j'ai pris contact avec les Fremen, comme vous me l'aviez demandé.

Duc Léto : Raconte, Duncan ! Dis-moi ce que tu as découvert !

Duncan Idaho : On pensait que les Fremen n'étaient que quelques centaines de milliers, errant ici ou là dans le désert. L'Impérium ne s'est jamais soucié de les recenser et on ignore leur nombre exact. Mais ce que je crois, c'est qu'ils sont bien plus nombreux qu'on ne l'imagine, ils sont probablement plusieurs millions. Ils forment une société très bien organisée, très hiérarchisée, j'ai rencontré leur chef, Stilgar, mais un autre nom est revenu dans nos conversations, quelqu'un du nom de Liet, qui a une autorité bien plus grande sur ces gens et pour lequel ils ont une adoration quasiment religieuse. Une dernière chose, mon Seigneur. Je pressens que cette planète recèle un immense secret et que les Fremen m'ont dissimulé beaucoup de choses.

Duc Léto : Tout ceci mérite que l'on s'y penche de près. Penses-tu qu'ils feront de solides alliés ?

Duncan Idaho : J'en ai vu quelques-uns se battre contre des Harkonnen, juste un petit groupe de 3 hommes. Ils savent se battre, les Harkonnen ont été mis en pièces ! Jamais je n'ai vu de guerriers plus farouches et plus redoutables. Mais il nous faut encore les convaincre de s'allier à nous.

Duc Léto : Très bien. Nous nous réunirons dès demain pour un premier briefing avec Hawat et Halleck. Peux-tu y amener ce Stilgar ? Je voudrais le rencontrer.

Duncan Idaho : Je lui ferai part de votre invitation, Mon Seigneur.






Jessica fut présentée aux domestiques, tous Fremen. Leurs yeux étaient bleu sur bleu. Alors qu'elle allait à leur rencontre, le Docteur Huey s'interposa.


Docteur Huey : Votre Grâce, il se peut qu'ils tentent vous nuire. Les... Harkonnen (il soupira en prononçant ce mot), ils ont pu les conditionner. Un examen médical approfondi me retirera les doutes que j'ai.

Jessica : Vous semblez ressentir une haine profonde pour les Harkonnen. J'ignorais que vous eussiez une quelconque raison de les haïr à ce point.

Docteur Huey : Eh bien, les Harkonnen... ils... ma femme... pardonnez-moi, vous n'avez pas connu ma femme... Ils l'ont enlevé il y a de nombreuses années et ils l'ont... assassinée.


"Il cache quelque chose, il retient ses mots", se dit Jessica en elle-même. "Et pourtant, il porte le sceau du conditionnement impérial sur son front, il ne peut me mentir".

Au milieu des domestiques, une femme de petite taille observait Jessica. "La Bene Gesserit, celle de la légende", pensa-t-elle, "Es-tu celle qui nous amène la Voix de l'Autre Monde, le Lisan Al-Gaïb ? Il faut que je te parle, toi et les tiens courez un très grand danger". Elle s'approcha de Jessica. Huey fit un geste pour l'éloigner mais Jessica lui dit qu'il n'y avait aucune raison de s'inquiéter, elle savait qu'elle ne présentait aucun danger. Ses sens l'auraient avertie s'il en avait été autrement. De plus, elle la reconnaissait. Elles s'éloignèrent toutes deux du reste des personnes présentes dans la pièce.


Jessica : Vous êtes la Shadout Mapes, n'est-ce pas ? La gouvernante principale de cette maison ?

Shadout Mapes : Je le suis, en effet. Ma Dame, je dois vous avertir, vous êtes en grand danger. Nous avons appris qu'il y a un traitre parmi vous. Qui il est, nous l'ignorons. Mais je vous conjure de rester sur vos gardes.


Elle fit aussitôt demi-tour et s'en alla rejoindre les autres domestiques. Jessica allait l'appeler, pour lui demander de lui en dire plus, mais quelque chose lui faisait penser que Mapes avait dit tout ce qu'elle savait.









Sur Giedi Prime, loin, très loin d'Arrakis, le Baron Harkonnen finissait de lire le rapport que lui avait fait parvenir le traitre.


Baron Harkonnen : Et voilà, le piège s'est refermé sur eux. Ces maudits Atréides ne repartiront jamais de cette planète et Arrakis sera leur tombeau !

Princesse Irulan : Dune, Planète des Sables, berceau de l'Epice, l'objet de toutes les convoitises, de toutes les trahisons, de tous les meurtres. Les Nomades Zensunni, durant des millénaires, ont dû s'exiler de planète en planète, dans l’espoir de trouver un lieu d’habitation. Chassés, persécutés, ils finiront par trouver cette planète désertique qu'ils appelèrent Dune et ils s'y installeront. Là, ayant acquis une relative liberté, ils prirent conscience qu’ils formaient un peuple et prirent le nom de Fremen, les Hommes Libres, et abandonnèrent leur ancien nom de “Vagabonds Zensunni”. Ce sont des gens profondément mystiques et religieux. Leur foi est le Bouddhislamisme, un mélange de Bouddhisme zen et d'Islam. L'autre maître de Dune est Shaï-Hulud, le Ver Géant des sables, les Fremen le respectent, plus qu'ils ne le craignent. Il n'existe aucun moyen connu de détruire un Ver des sables, même les atomiques ne peuvent venir à bout du Léviathan des sables.






Le petit groupe Fremen arrivait au lieu du rendez-vous. Stilgar, le Naïb du Sietch du Bouclier, était à leur tête. Bientôt, la navette de la Guilde se posa. D'murr, le représentant de la Guilde, sortit de la navette et se dirigea vers le groupe.






D'murr : J'apprécie ces petits rendez-vous que nous avons régulièrement, vous et moi, Naïb.

Stilgar : Je ne peux pas dire que ce soit la même chose en ce qui me concerne.

D'murr : Laissons ces civilités de côté. Vous avez le tribut avec vous, je suppose.

Stilgar : Oui, nous l'avons amené. De l'Epice en quantité, la plus pure, non raffinée. Nous tenons nos engagements et nous les tiendrons aussi longtemps que la Guilde fera de même.

D'murr : Ne jamais mettre de satellites en orbite pour observer votre planète. C'est là notre petit marché. J'avoue que parfois je serais bien curieux de savoir ce que vous tenez tant à dissimuler à l'Empire.

Stilgar : C'est une curiosité qui ne sera jamais satisfaite. Du moins pas avant un certain temps.

D'murr : Bien, je pense que notre rendez-vous est terminé.


Le Guildéen donna des ordres aux hommes qui l'accompagnaient et les lourds sacs d'Epice furent transportés à l'intérieur de la navette. Le vaisseau décolla peu après.


Jamis : Je n'aime pas ces Guildéens. Je n'aime pas leur payer ce tribut.

Turok : Ce tribut est le prix à payer pour que les secrets restent secrets, mon frère.

Stilgar : Turok a raison, Jamis. C'est Liet lui-même qui l'a suggéré. Allons, rentrons, le jour va se lever et bientôt, la chaleur sera insupportable.





Dans les jours qui suivirent leur arrivée sur Arrakis, la tension avait été extrême pour les Atréides. Ils étaient constamment sur leurs gardes, craignant qu'un piège laissé par les Harkonnen serait découvert trop tard. Mais peu de temps après, la forteresse d'Arrakeen avait été explorée et la tension était retombée.

Paul avait passé sa journée à étudier puis Thufir Hawat et Gurney Halleck l'avait entrainé au maniement des armes. Les modules étranges, l'arme secrète des Atréides, nécessitait une maitrise parfaite. L'arme, qui utilisait une technique basée sur le son, projetait un rayon plus ou moins puissant, selon le son que le tireur émettait, au moyen d'un amplificateur de voix placé sur son larynx. Le robot-combattant qui était utilisé pour l'entrainement avait subi les tirs répétés et précis de Paul. C'était l'un des produits construits sur Ix, la planète technologique. Certains considéraient que l'engin violait les interdits du Jihad, concernant les machines pensantes. Mais il ne pensait pas réellement, il réagissait aux attaques qu'il subissait et il adaptait sa stratégie en fonction de ces attaques.

Paul se rendit ensuite dans sa chambre et prit une douche. Il apprécia d'avoir ce confort, sachant très bien à quel point l'eau était un trésor d'une inestimable valeur sur Arrakis. Puis il sortit de sa salle de bain et se dirigea vers son lit. Un bruit suspect attira son attention aux limites de son champ de vision. Il resta immobile et c'est ce qui le sauva.

Un chercheur-tueur venait de s'extraire d'une cache. C'était un appareil miniature, en suspension dans l'air, dont l'extrémité se terminait par une aiguille trempée dans un poison mortel. Un téléopérateur le télécommandait à distance mais la taille et le fonctionnement de l'appareil empêchait l'emploi d'une caméra et il ne pouvait se repérer qu'aux mouvements, auxquels il était particulièrement sensible. Rester immobile était donc la seule chose à faire pour échapper à la mort.


Paul : Je ne dois surtout pas bouger. Je ne dois faire aucun geste. Je pourrais appeler à l'aide, mais il tuerait la première personne qui entrerait. Celui qui dirige l'appareil doit se trouver tout près, à l'intérieur de la forteresse, la portée est très limitée.


Soudain, la porte de la chambre s'ouvrit et une jeune domestique Fremen entra. Le chercheur-tueur réagit aussitôt et vola dans sa direction. Paul le saisit de toutes ses forces et écrasa l'aiguille contre le mur. Puis il le jeta dans une carafe d'eau, le détruisant totalement.


La jeune domestique : Vous m'avez sauvé la vie.


Elle le regarda fixement. Ses yeux exprimaient de la reconnaissance, mais il y avait autre chose, comme de l'adoration, de la vénération. "Mahdi", murmura-elle. Elle partit en courant.


Paul donna immédiatement l'alerte. Les gardes se mirent à la recherche de la personne à l'origine de cette tentative d'assassinat. Il ne fallut pas longtemps avant qu'ils furent sur sa trace. L'homme courait pour échapper à ses poursuivants. Il arriva dans un couloir et se retrouva face à Hawat et des soldats solidement armés. Il fit demi-tour et tourna sur sa gauche, mais à ce moment précis, un poignard lui trancha la gorge. L'homme s'effondra, essayant tant bien que mal de retenir la vie qui s'échappait en un flot de sang épais. Gurney Halleck essuya son arme tachée de son sang sur le vêtement du mort.

Il regarda Hawat. Celui-ci lui décocha un regard noir plein de reproches. Bien sûr, la haine de Halleck contre les Harkonnen était une chose connue de tous, mais le Mentat aurait voulu que celui-là reste vivant assez longtemps pour répondre à quelques questions.



Peu de temps après, la Shadout Mapes s'approcha de Paul pour lui parler de l'attentat dont il avait failli être la victime et de la jeune Fremen qu'il avait sauvée.


Mapes : Cette jeune femme, vous avez mis sur elle le fardeau de votre eau.

Paul : Que voulez-vous dire ?

Mapes : L'eau est un bien précieux, sur Dune, bien plus précieux que l'Epice. Notre corps est essentiellement constitué d'eau. Sauver la vie de quelqu'un, c'est mettre sur cette personne le fardeau de votre eau, de votre propre vie. Et les Fremen payent toujours leurs dettes d'eau.




Paul s'émerveilla du grand sens de l'honneur qui semblait guider la vie des Fremen. Il ne douta pas un seul instant que la jeune femme paierait sa dette dès qu'elle en aurait l'occasion.


Ce qu'il ne savait pas encore, c'est que l'occasion se présenterait bien vite.

Princesse Irulan : Afin de faciliter la transition entre les Harkonnen et les Atréides, l'Empereur avait nommé une personne qui était chargée d'accueillir les Atréides sur Arrakis, de les informer du déroulement de l'extraction de l'Epice. C'est pour cette raison qu'un matin, rendez-vous fut pris au spatioport d'Arrakeen et le Duc Léto, Paul et le fidèle Gurney Halleck s'y rendirent. Un ornithoptère se tenait prêt à les emmèner dans le désert profond.



Le Docteur Kynes attendait patiemment l'arrivée des nouveaux maitres. Ils arrivèrent enfin, accompagnés de plusieurs gardes. Le Duc et son fils avaient revêtu le distille, un vêtement qui convenait à une expédition dans le désert. Paul fut surpris de constater que l'homme qui se tenait au pied de l'appareil avait les yeux bleus sur bleu.





Kynes : Sire, c'est un plaisir de rencontrer enfin le Duc Léto Atréides et son jeune fils.

Léto : Vous êtes le Docteur Kynes, l'Arbitre du Changement, n'est-ce pas ?

Kynes : En effet, Sire.

Paul : Êtes-vous Fremen ?

Kynes : Je suis Planétologiste Impérial, je sers d'abord l'Empereur. J'étudie la faune et la flore de cette planète et c'est pour cette raison que j'y ai été envoyé. Mais je vis au milieu des Fremen depuis si longtemps que mes yeux ont pris ce bleu si caractéristique. Je vois que vous avez bien reçu les distilles que nous vous avons envoyés.

Léto : Oui, nous vous sommes reconnaissants pour cela. Pouvez-vous nous expliquer leur fonctionnement ?





Kynes : Si vous permettez, Sire, je vais réajuster votre distille, il n'a pas été correctement enfilé (il remit en place les manches et le col, resserra la ceinture à la taille). L'intérieur du vêtement est poreux, ce qui permet de recueillir la transpiration. L'urine et les excréments sont récupérés et traités dans des poches latérales. La marche et la respiration fournissent l'énergie nécessaire à son fonctionnement. Veillez à bien installer cet embout sur le nez, pensez à toujours inspirer par la bouche et expirez par le nez. Avec un distille en parfait état de marche, vous pouvez survivre dans le désert pendant une semaine, en attendant les secours.

Léto : Très bien. Voilà qui est bien mieux, je me sens plus à l'aise dans ce distille à présent.

Kynes (se tournant vers Paul) : Si vous permettez, je vais réajuster votre... (il s'interrompt, la surprise se lit sur son visage). Vous aviez déjà porté un distille par le passé ?

Paul : Non. Pourquoi ?

Kynes : Vous l'avez parfaitement ajusté, mieux que je n'aurais su le faire. Quelqu'un vous a aidé pour le mettre ?

Paul : Non, j'ai pensé que cette façon était la plus appropriée.


Kynes eut bien du mal à cacher son trouble. Les mots de la prophétie lui revinrent en mémoire : "Il ne sera pas nécessaire de lui expliquer vos usages et vos coutumes, il les connaitra d'instinct, comme s'il était originaire de cette planète".


Kynes : Bien. Sire, nous pouvons y aller.


Le groupe monta à bord de l'ornithoptère et celui-ci mit en mouvement ses ailes de métal et prit son envol, escorté par 3 ornithoptères de combat. Rapidement, il s'éloigna d'Arrakeen, prenant la direction du désert. A l'extérieur, bien que le jour se levait à peine, la chaleur était étouffante mais le système de climatisation gardait l'habitacle au frais. Le lieu d'extraction apparut enfin.





Kynes : Sire, ce que vous voyez là est une moissonneuse. C'est une véritable usine sur roue, 25 personnes y travaillent en permanence. La moissonneuse avale le sable et le sépare de l'Epice. Vous pouvez voir les guetteurs qui volent constamment autour d'elle. Ils sont chargés de repérer le signe du ver.

Léto (montrant une direction du doigt) : Vous voulez dire, un signe comme celui-ci ?


Au loin, une dune mouvante de sable s'avançait vers la moissonneuse.


Kynes : Effectivement, Sire. Votre vue est excellente (il prit le micro). Ici vol non identifié. Signe du ver au sud-sud-est en approche à environ 15 minutes.


Le chef d'équipe au sol répondit à l'appel.


Chef d'équipe : Signe du ver confirmé. Qui est à bord de ce vol non identifié ?

Gurney Halleck : Ne dites pas que le Duc et son fils sont à bord. Cette ligne n'est pas sécurisée.

Kynes (remettant le micro en place sans répondre) : Vous allez voir, Sire, c'est très intéressant. Une aile portante va arriver et va emmener la moissonneuse. Mais au sol, les ouvriers vont continuer leur tâche jusqu'à la dernière minute.

Paul : Les vers attaquent-ils toujours les moissonneuses ?

Kynes : Un ver a un territoire bien déterminé, qui s'étend sur plusieurs centaines de kilomètres carrés et qu'il protégera. Il s'attaquera à tout intrus qui s'y trouve.

Paul : Mais le ver et l'Epice, y a-t-il un lien ?

Kynes (surpris de la question) : Comme je l'ai dit, le ver ne fait que protéger son territoire.


"Il ment, ou bien il nous cache quelque chose. Quel peut être le lien entre le ver et l'Epice ?", se demanda Paul. Pendant ce temps, l'orni décrivait des cercles autour de la moissonneuse. L'aile portante n'arrivait pas.


Kynes : Les Harkonnen ont dû la piéger et elle aura explosé peu après le décollage.

Léto (prenant le micro de la radio) : Maudits Harkonnen ! Chef d'équipe, ici le Duc Léto Atréides. L'aile portante ne viendra pas. Nos ornithoptères vont atterrir et vont vous prendre à bord. Nous allons vous sortir de là !

Chef d'équipe : Sire... Mais, la moissonneuse est pratiquement pleine ! Nous n'allons tout de même pas laisser toute cette Epice à ce monstre !

Léto : Au diable l'Epice ! Faites ce que je vous dis, abandonnez la moissonneuse !


Les appareils se posèrent et les ouvriers sortirent tous de la moissonneuse et montèrent à bord. Il fallait faire vite, le ver approchait. Une fois que tout le monde fut en sûreté, les ornis décollèrent, non sans difficulté à cause du poids en plus.

C'est alors qu'ils le virent tous.




La gueule béante du ver sortit du sable et engloutit dans le même temps la moissonneuse ainsi que des tonnes de sable. "Béni soit le Faiseur", murmura Kynes. "Béni soit-il et bénis soient ses voyages, que ses allées et venues nettoient l'univers. Béni soit le Faiseur".


Léto : Que dites-vous ?

Kynes : Rien. N'est-ce pas un spectacle impressionnant, Sire ?





Kynes observa le Duc. "Il se soucie plus de ses hommes que de l'Epice. Je dois bien dire, contre toutes mes attentes, que j'aime bien ce Duc".

L'Etat-Major Atréide était rassemblé dans la Salle de Commandement de la forteresse d'Arrakeen. Le Duc Léto présidait la réunion, entouré par les hauts-gradés de l'armée, ainsi que Thufir Hawat et Gurney Halleck.


Thufir Hawat : Mon Seigneur, à votre demande j'ai fait une évaluation de ce que l'exploitation de l'Epice a rapporté à la Maison Harkonnen. On peut estimer que chaque année, le Baron engrangeait plus de 40 millions de Solaris de bénéfices.


Tout le monde fut saisi de stupéfaction à l'annonce de tels chiffres.


Léto : Alors, messieurs, y en a-t-il encore parmi vous qui pensent que les Harkonnen ont renoncé à leur concession sans le moindre regret ? Il ne fait aucun doute qu'ils avaient autre chose en tête.

Gurney Halleck : Nous devons nous attendre à leur retour à tout moment. Et nous devons être prêts.

Léto : C'est bien pour cette raison que j'ai envoyé Idaho à la rencontre des Fremen. Une alliance avec eux pourrait nous apporter beaucoup. Thufir, tu as remarqué la façon dont ils regardaient Paul lorsque nous sommes descendus à Arrakeen ? Comment l'appellent-ils, déjà ?

Thufir Hawat : Le Mahdi, Mon Seigneur. C'est une vieille légende qui circule chez les Fremen depuis des siècles. Un homme viendra sur Arrakis, avec sa mère Bene Gesserit. D'après la prophétie, il les libérera de l'oppression et transformera la planète en un véritable paradis.

Léto : Tu ne sembles pas apporter beaucoup de crédit à cette prophétie, mon ami.

Thufir Hawat : Mon Seigneur, je suis un Mentat, seules les statistiques et la logique ont un sens, pour moi. Les Fremen ont été pourchassés durant des générations, ils ont subi de bien mauvais traitement. Un tel peuple a besoin de légendes pour l'aider à tenir, pour continuer d'espérer.

Léto : C'est compréhensible, on ne peut guère leur en vouloir. Et ils pensent que Paul pourrait être cet homme.


Léto devint songeur, il pensait à la menace qui pesait de plus en plus sur lui et sur sa famille. Si le malheur le frappait et que Paul et Jessica se retrouvaient seuls sur cette planète, les Fremen pourraient alors les recueillir. Ça pourrait toujours être une issue favorable pour eux.

C'est à ce moment que Paul fit son entrée.


Léto : Paul est à présent suffisamment âgé pour assister à nos réunions. Assieds-toi à mes côtés, mon fils.

Gurney Halleck : Mon Seigneur, on me signale que Duncan Idaho vient d'arriver à Arrakeen. Un Fremen l'accompagne.

Léto : Très bien, allons les recevoir.






Idaho entra dans la salle du Trône Ducal en compagnie du Fremen. Le parquet ciré et les tentures de velours parurent bien luxueuses au Fremen. Le Duc avait à présent revêtu sa tenue d'apparat militaire, l'Habit Noir du Faucon des Atréides. Paul était à ses côtés. Le Fremen regarda le jeune homme, et ses yeux étaient bleu sur bleu. "Le Mahdi, est-ce l'accomplissement de la prophétie ?", s'interrogea-t-il. Après les salutations d'usage pour son Duc, et une accolade amicale pour Paul, Duncan fit les présentations.


Duncan Idaho : Mon Seigneur, voici Stilgar, le Naïb et chef du sietch situé à l'ouest d'Arrakeen. Les Fremen vivent en tribu et habitent dans des sietchs, ce sont des grottes creusés dans les montagnes, et le sietch que dirige Stilgar se trouve au pied du Grand Bouclier. Stilgar, en tant que Naïb, parlera au nom de toute sa tribu.

Léto : Stilgar, soyez le bienvenu.

Stilgar : Les maitres changent mais les esclaves restent les esclaves.

Léto : Naïb, j'ai lu les rapports de Duncan et je connais toutes les exactions commises par les Harkonnen. Ce sont des monstres mais nous ne sommes pas comme eux et les mauvais traitements que vous avez subis sont à présent terminés, je vous en donne ma parole.

Stilgar : Je voudrais lire la vérité dans ce que vous dites. Le désert endurcit les hommes, il endurcit aussi les coeurs. La parole d'un Fremen du désert est comme un serment. Mais dois-je croire votre parole, vous qui n'êtes pas du désert ?


Paul avait suivi la conversation. Il sentait un mur de méfiance entre cet homme rude du désert et son père. Bien sûr, il savait que son père ne mentait pas. Mais comment convaincre Stilgar ? Que fallait-il dire pour qu'il ne doute plus de sa sincérité ? Il fut soudain pris par une vision. L'eau coulait en goutte-à-goutte avec un petit bruit. Son esprit se mit en transe, comme la transe des Mentats, et il vit la logique qui se dessinait. Et soudain, la solution lui apparut, évidente, comme la lumière au bout d'un tunnel.

Il descendit les marches et se tint devant Stilgar, à quelques pas de lui. Et il cracha sur le sol. Tout le monde fut frappé de stupeur devant ce geste incompréhensible. Mais Paul s'adressa à Stilgar, comme si une voix dans son esprit lui dictait ses paroles.


Paul : Stilgar, je vous fais don de mon eau. Qu'elle soit le signe de la protection que je vous offre. Et que le Désert boive cette eau et en soit le Gardien.


Stilgar fut tellement surpris, qu'il resta muet pendant un petit moment. Il se souvenait d'une phrase de la prophétie. "Le Mahdi connaitra vos lois, comme s'il les avait lui-mêmes écrites". Troublé, il cracha lui aussi sur le parquet et lui répondit.


Stilgar : Qu'il en soit ainsi, je vous fais moi aussi don de mon eau. Qu'elle soit le signe du dévouement que je vous offre. Et que le Désert boive cette eau et en soit le Gardien.


Léto s'approcha de Stilgar et posa sa main sur son épaule.


Léto : Stilgar, me donnez-vous votre confiance ?

Stilgar : Mon Seigneur, votre fils a su gagner ma confiance et vous avez le soutien de ma tribu. Je vous en fais le serment.

Léto : Idaho m'a dit que vous souhaitiez qu'il reste à vos côtés ?

Stilgar : Oui, c'est un bon soldat et il se bat bien. Il m'a déjà dit qu'il serait très heureux de rester avec nous.

Duncan (se tournant vers le Duc) : Mon Seigneur, si vous préférez que je reste à la forteresse, je le comprendrais.

Léto : Non, Duncan. Tu resteras auprès des Fremen. Je ne pourrais rêver meilleur ambassadeur. Stilgar, mon Maitre d'Armes a désormais une double allégeance.

Stilgar : Idaho servira les Atréides et il servira aux côtés des Fremen. Il y a un précédent : Liet sert deux maîtres.



Duncan repartit avec le Naïb. Stilgar était encore troublé par ce qui venait de se passer. Ce jeune garçon était-il le Mahdi ? La Prophétie était-elle en train de se réaliser ? Il n'en était pas certain.




Il allait rejoindre le Désert. Lui seul connaissait peut-être la réponse.

Princesse Irulan : Les Mentats sont de véritables ordinateurs humains. Leurs capacités de réflexion leur permettent de déjouer les complots, de résoudre des problèmes complexes même à partir de fragments de données. Mais ils ont cependant un défaut : si les données à partir desquelles ils travaillent sont erronées, volontairement ou non, alors leurs conclusions ne seront pas fiables. En cela, ils ne sont guère différents des machines pensantes des temps anciens.





Après le départ d'Idaho et de Stilgar, tout le monde prit congé. Gurney Halleck proposa à Paul de poursuivre leurs exercices. D'un signe discret de la main, le Duc Léto demanda à Thufir Hawat, son Mentat, de rester.


Léto : Thufir, je vais avoir besoin de tes services. Tu as toi aussi reçu cette information selon laquelle il y aurait un traitre, ici même, dans cette forteresse, quelqu'un qui serait à la solde des Harkonnen. Pourrais-tu te mettre en mode Mentat et trouver son identité ?

Thufir : Mon Seigneur, c'est là ma principale fonction.


Le Mentat sortit la fiole d'Elixir de Sapho qu'il avait toujours sur lui et il but. La drogue se répandit aussitôt dans son organisme, plongeant le Mentat dans une autre dimension, faite de schémas, de statistiques. Son esprit tria les informations, compartimenta les données. Lorsqu'il rouvrit les yeux, quelques secondes à peine s'étaient écoulées mais cela lui avait suffi pour traiter toutes les données en sa possession.


Thufir : Nous devons procéder par élimination. Avant de déterminer qui peut être le traitre et quelles sont les raisons de sa trahison, il faut tout d'abord déterminer qui il ne peut pas être. Je commencerai par vos hommes de confiance, Mon Seigneur. Le Docteur Huey appartient à l'Ecole Suk. Leurs honoraires sont très élevés, donc l'appât du gain ne pourrait être un motif, pour lui. On sait que sa femme a été assassinée par les Harkonnen, ce qui serait suffisant pour ne pas le considérer sérieusement comme un traitre potentiel. Mais en plus, comme tous les docteurs Suk, il a reçu le conditionnement impérial, qui l'empêche de nuire à son employeur. Tout cela parle en sa faveur, il ne peut pas être la personne que nous recherchons.

Léto : Nous le rayerons donc de notre liste. Halleck pourrait-il être suspect ? Il a égorgé sans remords celui qui avait tenté d'assassiner Paul. Peut-être pour l'empêcher de parler ?

Thufir : Gurney Halleck a vécu sur Giedi Prime et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il a toutes les raisons de haïr les Harkonnen. Sa soeur et ses parents ont été assassinés par Rabban, il a lui même passé de nombreuses années dans un puits d'esclave avant de s'enfuir pour rejoindre Caladan.

Léto : Idaho, que penses-tu de lui, Mentat ?

Thufir : La situation de Duncan Idaho est similaire à celle de Gurney Halleck. Il a fui Giedi Prime alors qu'il n'était âgé que de huit ans. Rabban a tué ses parents sous ses yeux, sur un accès de colère et l'a obligé à participer à une chasse nocturne où le pauvre enfant était le gibier. Difficile d'imaginer qu'il pourrait travailler à la ruine des Atréides. Tout comme Gurney Halleck, il a au contraire montré des preuves de fidélité et il donnerait volontiers sa vie plutôt que de vous nuire.

Léto : Je ne te ferai pas l'insulte de te poser la question sur ta propre personne. Tu sers les Atréides depuis trois générations et tu es même allé jusqu'à te précipiter dans l'arène pour te mettre entre le taureau de Salusa et mon père. Il n'est pas nécessaire d'être Mentat pour deviner que tu ne peux pas nous avoir trahis. Mais alors, qui ? Qui peut être celui que les Harkonnen ont soudoyé ?

Thufir : Mon Seigneur, je préfèrerais ne pas avoir à vous dire cela, mais... Il pourrait s'agir de votre concubine.

Léto : Dame Jessica ? Thufir, cela est impossible ! Elle est tout de même la mère de l'héritier du titre ! Elle s'est détournée des Bene Gesserit par amour pour moi ! As-tu des renseignements pour étayer ta suspicion ?

Thufir : Un message, Mon Seigneur. Nous l'avons pris sur le corps du Harkonnen qui tenta de s'en prendre à la vie de Paul. Il a vainement tenté de le détruire quand il s'est su découvert. Ce message... il ne laisse aucun doute.


Thufir Hawat sortit alors le morceau de papier. Il avait été rongé par de l'acide, mais la réaction chimique avait pu être interrompu et quelques mots étaient encore visibles : "quand il sera frappé par cette main aimée, son coeur se brisera et le tuera aussi sûrement que si nous lui avions planté un poignard". Le reste du message avait disparu. Le visage du Duc devint grave. Il serra ses poings sous la colère qui s'était emparé de lui. "Des monstres, ces Harkonnen sont des monstres !", songea-t-il.


Thufir (replongeant en mode Mentat) : Dame Jessica n'est pas votre épouse, elle n'est que votre concubine. Peut-être est-elle restée fidèle au Bene Gesserit, en dépit des apparences. Peut-être tout cela n'est-il qu'une vaste machination qui engloberait les Harkonnen, l'Empereur mais aussi les Soeurs.

Léto : Thufir, je veux que Dame Jessica soit mise sous surveillance. Désormais, je veux être informés de tous ses mouvements. Tu choisiras toi-même la personne qui s'en chargera.

Thufir : Bien, Mon Seigneur. Je vais m'en occuper au plus vite.

Léto : Une dernière chose, Thufir. Que personne ne sache toute cette histoire. Fais ça pour moi.

Thufir : Je vous promets de rester discret, Mon Seigneur.





Léto resta seul dans la grande salle, écrasé par le chagrin et par la colère.

"Je dois prévenir Paul. S'il m'arrivait malheur, il doit savoir toute la vérité", pensa-t-il.

Il frémit en réalisant que ses pensées étaient celles d'un mort.

Princesse Irulan : Il y a quelques années de cela, mon père et moi arpentions l'un des couloirs du Palais, sur Kaitaïn. Des portraits des nobles régnant sur les Grandes Maisons ornaient ce couloir. Nous nous arrêtâmes devant un tableau représentant le Duc Léto Atréides, sa concubine Dame Jessica et leur fils Paul. Je fus surprise de lire de l'émotion dans son regard quand il me dit que si Léto avait été plus jeune, il aurait apprécié que je l'épouse et qu'il devienne son gendre. Mon père ressentait beaucoup d'admiration et de respect pour le Duc. Et si bien plus tard ils devinrent ennemis, ce n'était qu'à cause de la politique.





Les dernières journées avaient été harassantes pour le Duc. Il travaillait sans relâche, son devoir l'accaparait constamment. Pour cette raison, il fut heureux de pouvoir se retrouver seul avec son fils.

Lorsqu'il n'était qu'un adolescent, Léto et son père le Duc Paulus bavardaient souvent en tête en tête. Ce n'est que dans ces rares moments que le Vieux Duc était réellement lui-même, se livrait totalement, oubliant son rang. Et les conversations avec le jeune Léto n'étaient rien d'autre que des conversations entre un père et son fils.

Paul rejoignit le Duc dans une des salles de la forteresse d'Arrakeen. Tout de suite, il vit combien son père était épuisé. Il lui paraissait si âgé ! Il ne put s'empêcher de repenser à ce que la vieille Bene Gesserit avait dit : "Pour le père, tout est perdu".

Léto invita son fils à s'asseoir face à lui. Paul prit place dans le fauteuil à suspenseurs et, flottant dans l'air, il se hissa à hauteur des yeux de son père. C'est une chose qu'il ne se serait jamais permis de faire en public. Son père sourit en se disant que lui aussi osait se mettre à la même hauteur que son père, jadis.


Paul : Père, vous semblez si fatigué. Depuis combien de temps n'avez-vous pas dormi ?

Léto : Trop longtemps. Mais il y a tant de choses à faire  et je me dois de servir nos intérêts (il prit une capsule anti-fatigue et se sentit soudain ragaillardi). Et puis, je ne peux pas m'appuyer uniquement sur Hawat, lui aussi travaille trop et il est bien plus âgé que moi.

Paul : Vous devriez tout de même vous ménager un peu plus.

Léto (en soupirant) : Ai-je vraiment le choix ? Mais tu as raison, je me sens si las ! Après tout, la dégénérescence des Grandes Maisons n'a peut-être pas épargné les Atréides. Et même l'Epice ne peut rien contre cela. Dis-moi, Hawat m'a parlé de toi, récemment. Il pense que tu pourrais devenir un Mentat et que tu en as toutes les compétences.


En entendant ces mots, Paul se remémora les visions qu'il avait eues. Il voyait la bannière noir et vert des Atréides qui flottait sur des milliers de monde, il voyait la guerre se propager à travers tout l'univers.







Etait-ce quelque chose que lui ou son père allait provoquer ? Ou bien était-ce un avertissement, quelque chose que lui seul pouvait empêcher ? Lui revint alors la conscience d'un but terrible. Quelque part, au fond de lui-même, il avait la certitude que toute sa vie le poussait dans cette direction, quelque chose qu'il devait accomplir. Oui, être un Mentat pouvait être un but terrible.



Paul : J'y réfléchirai. Mais je sais qu'il y a autre chose qui vous préoccupe. Père, vous êtes soucieux. De quoi s'agit-il ?



Léto ferma les yeux. Il pensa à Jessica, son unique amour. Il pensa au message trouvé sur le corps de ce Harkonnen qui avait failli tuer Paul.



Léto : Je crains de ne jamais repartir vivant de cette planète. Je ne me fais pas...

Paul : Père, vous ne pouvez pas mourir, vous...

Léto : Paul, je t'en prie, écoute-moi. L'Empereur a voulu se débarrasser de moi en m'envoyant sur Arrakis et d'une façon ou d'une autre, il s'arrangera pour me détruire. Tu comprends, j'étais devenu bien trop populaire auprès des Maisons du Landsraad ! Cela a commencé bien avant ta naissance, bien avant la Guerre de l'Epice ! J'ai soutenu la Maison Vernius contre les Tleilaxu et cela m'a valu la sympathie de beaucoup des nobles de l'Empire ! L'Empereur a peur de moi et c'est uniquement pour cette raison que nous sommes sur Arrakis ! Et que je vais sans doute y laisser la vie. Mais avant cela, je veux que tu dises quelque chose à ta mère, je veux que tu lui transmettes un message si je devais disparaitre.


Paul sentit les larmes lui monter aux yeux. Il pensa aussitôt que c'était un gaspillage d'humidité pour cette planète qui manquait d'eau.


Léto : Je veux que tu dises à ta mère que jamais, pas un seul instant, je n'ai douté de sa sincérité et de sa fidélité envers la Maison des Atréides. Promets-moi cela, mon fils.

Paul : Je vous le promets, Père.







Quelques heures plus tard, dans le silence de la nuit, le Duc marchait dans les couloirs de la forteresse. Il entendit un cri plaintif, comme un râle. Il se précipita et vit la Shadout Mapes, au sol, gisant dans une mare de sang. Il se pencha sur elle.


Léto : Mais qui vous a fait cela, pauvre femme ? Avez-vous vu votre agresseur ?

Shadout Mapes : Mon Seigneur... ahh... les boucliers... à découvert...


Elle mourut dans ses bras. Léto s'aperçut soudain qu'il ne percevait plus le ronronnement caractéristique des boucliers qui protégeaient l'enceinte de la forteresse. Ils avaient été descendus ! Ils étaient à présent à la merci d'une attaque !

Il se releva et presque aussitôt, il sentit une morsure dans son cou. Il vit un chasseur-tueur tomber et se briser sur le sol de pierre. Ses membres semblaient ne plus pouvoir le tenir et il s'effondra sur le sol.


Malgré le nuage brumeux qui commençait à obscurcir sa vue, il n'eut aucune peine à reconnaitre la personne qui venait de l'abattre.

Léto gisait sur le sol, ses membres ne lui obéissaient plus. Il essaya de parler, mais ne put que balbutier quelques mots. Face à lui se tenait le Docteur Huey.


Léto : Vous... Comment avez-vous... C'est...

Docteur Huey : N'essayez pas de parler, Duc Léto. Nous n'avons que peu de temps, il faut faire vite.

Léto : Les boucliers... Vous avez...

Docteur Huey : Oui, j'ai abaissé les boucliers et désormais, nous sommes vulnérables. Les Harkonnen et les Sardaukar de l'Empereur seront là bientôt. J'ai abattu la Maison des Atréides, mais vous étiez déjà mort le jour où vous avez posé le pied sur Arrakis. Duc Léto, je vais vous accorder une dernière faveur, je vous promets de sauver votre Jessica et votre fils, Paul. Vous allez pouvoir tous nous venger avant de partir dans la mort (il prit l'Anneau Ducal et le mit dans sa poche). Ceci, je le donnerai à Paul. A présent, je vais devoir faire quelque chose.


Huey prit alors une pince et arracha une des dents de Léto. Puis il posa à la place de celle-ci une autre dent.


Docteur Huey : Vous serez bientôt amené devant le Baron Harkonnen. Il ne fait aucun doute qu'il souhaitera vous voir de près lors de vos derniers instants pour mieux savourer sa victoire. Dans cette dent se trouve un gaz empoisonné extrêmement violent. Une morsure et une simple expiration, et vous emporterez ce monstre avec vous dans la tombe. N'oubliez pas, Duc Léto, la dent... N'oubliez pas la dent...










Dans l'espace, les vaisseaux de guerre Harkonnen approchaient. A leur bord, des milliers de soldats, prêts à se lancer à l'assaut d'Arrakis. Deux légions de Sardaukars avaient joint leur force aux armées de Giedi Prime.

Le Baron Vladimir Harkonnen jubilait de bientôt pouvoir se venger du Duc Léto Atréides. A ses côtés à bord du vaisseau de commandement, Piter de Vries, le Mentat-Tordu, et les deux neveux Harkonnen, Feyd-Rautha et Rabban.










L'attaque fut immédiate, violente et terrible. Une fois que les boucliers eurent été abaissés, rien ne protégeait plus la forteresse d'Arrakeen. Les soldats Harkonnen et les Sardaukar débarquèrent au sol et affrontèrent les armées Atréides. L'issue de la bataille ne laissait aucun doute, tant les Atréides rencontraient une force bien supérieure en nombre.

Duncan Idaho se battait comme un lion, le Maitre d'Armes était un combattant redoutable et ne faillit pas à sa réputation, causant de nombreuses pertes dans les rangs ennemis. Mais un tir laser le toucha en plein coeur et il s'effondra sur le sol, mort.

Gurney Halleck prit la tête d'un petit groupe et par des ordres donnés avec détermination, il redonna espoir aux soldats qui ne reculèrent pas devant l'assaut. Mais en dépit de leur courage, ils tombèrent les uns après les autres et un repli stratégique dut être rapidement opéré. Les ennemis ne montrèrent aucune pitié et tuèrent sans remords tous ceux qu'ils croisèrent.

Thufir Hawat n'eut pas l'occasion de se battre, il fut rapidement fait prisonnier et exécuté sur ordre de Piter de Vries.





Paul et Jessica avaient été drogués par Huey et ils furent amenés devant le Mentat. Jessica émergea lentement, la douleur dans sa tête était insupportable, mais son esprit Bene Gesserit lutta et la douleur diminua.


Piter de Vries : Dame Jessica, je sais que vous vous posez la question de savoir qui était le traître. J'avoue être assez fier de ce que j'ai accompli. C'est moi qui ai corrompu le conditionnement impérial du Docteur Huey. Cela n'a pas été facile mais j'y suis arrivé (il se rapproche d'elle et caresse son visage) J'ai rêvé de bien des plaisirs avec toi, tu sais, mais hélas, je crains que cela ne reste qu'un rêve (apercevant le Baron, flottant au-dessus de lui). Mon Seigneur, que devons-nous faire de ceux-là ?

Baron Harkonnen : Qu'on les abandonne dans le désert, comme le traître l'a suggéré. Que les vers des sables ou les tempêtes nous débarrassent d'eux et effacent toutes les traces.


D'un geste de la main, Piter ordonna à deux hommes de se saisir des deux Atréides et de les emmener dans le désert.

Au loin, des bruits indiquaient au Baron que la bataille faisait encore rage, chaque tir laser le mettait en joie, chaque explosion provoquait chez lui un rire démentiel. Rabban entra bientôt, suivi de deux soldats qui portaient un corps.


Baron Harkonnen : Voici donc le Duc Léto, le Faucon des Atréides.


Le Duc fut jeté sans ménagement sur une table. Le Docteur Huey apparut à son tour, solidement encadré par deux Harkonnen.


Baron Harkonnen : Mon cher Docteur Huey, vous avez respecté notre accord. Votre femme va vous être rendue. Vous serez bientôt tous deux réunis.

Docteur Huey : Wanda... Ma femme... ma femme est vivante ?

Baron Harkonnen : Tu veux la rejoindre, traître ? Eh bien, rejoins-la !


Tel un chat bondissant sur une souris, Piter planta son poignard dans le dos du malheureux. Celui-ci tomba sur le sol, mort.


Baron Harkonnen : Je ne fais jamais confiance aux traîtres. Pas même ceux que j'ai créés moi-même.

Léto : Paul... Jessica...

Baron Harkonnen : Que dit-il ?

Piter de Vries : Je crois qu'il appelle sa sorcière Bene Gesserit et son fils.

Baron Harkonnen : Comme c'est attendrissant... et si pathétique ! (il se saisit tour à tour des deux mains du Duc, visiblement à la recherche de quelque chose) L'Anneau Ducal, où est ce maudit Anneau Ducal ?

Piter de Vries (soudain craignant le pire) : Seigneur Baron, nous l'avons trouvé tel que vous le voyez.

Baron Harkonnen : Piter, sombre crétin, tu as tué Huey trop vite ! Si je n'avais pas été là, tu aurais sans doute aussi massacré la Bene Gesserit et le rejeton !


Léto comprit que Jessica et Paul étaient encore en vie. Il discernait à peine les deux visages qui se penchaient sur lui. Il repensa à quelque chose que le Docteur Huey lui avait dit... "Ah oui, la dent ! Approchez-vous, Baron, je ne partirai pas sans vous...", pensa-t-il. Il serra la mâchoire, brisant la dent qui libéra un gaz verdâtre.

Comprenant ce qui se passait, le Baron pressa un bouton qu'il portait à sa ceinture et il s'envola aussitôt, espérant qu'il réussirait à fuir le poison mortel. Piter n'eut pas la même chance, il eut un spasme violent et il tomba sur le sol. Il mourut presque aussitôt.

Léto sentit ses forces qui l'abandonnaient et il rendit l'âme peu après. Le faucon des Atréides n'était plus.








A bord du vaisseau Harkonnen, qui fonçait droit vers le désert, Jessica gisait sur le sol. Paul s'éveilla lentement. Il vit que sa mère portait un bâillon. Sans doute le Baron avait-il craint qu'elle utilise ses sortilèges de sorcière.

L'un des deux Harkonnen se retourna alors, adressant un sourire mauvais à son équipier qui pilotait. Il releva lentement la jupe de Jessica.


Le Harkonnen : Personne n'en saura rien, Sorcière. Peut-être apprécieras-tu ces derniers instants, qui sait ?

Paul (utilisant la Voix) : Ne touchez pas à ma mère ! (Touchez pas !!! Ma mère !!! Ne la touchez pas !!!)


"Il utilise la Voix !", pensa Jessica. "La Révérende Mère a dit qu'il en aurait besoin pour sa survie. Mais son contrôle est encore bien maladroit".


Le Harkonnen : Qu'est-ce qu'il raconte, le morveux ?

Paul : Enlevez-lui son bâillon ! (Enlevez-lui !!! Le bâillon !!!).


Sans réellement comprendre ce qu'il faisait, le Harkonnen retira le bâillon de la bouche de Jessica. Celle-ci put alors utiliser la Voix à son tour. Elle fixa l'homme du regard, passant la langue sur les lèvres, d'une façon très sensuelle.


Jessica : Inutile de vous battre pour moi (Vous battre pour moi !!!!!! Vous battre !!!!!!!).


L'homme ressentit soudain une vive colère dirigée contre son équipier. Il se saisit de son poignard et l'égorgea. Celui-ci s'écroula sur le tableau de bord. Le vaisseau commença alors dangereusement à se diriger vers le sol.


Jessica : A présent, détachez les liens de mon fils ! (Détachez mon fils !!!!!)


Il obéit sans discuter, libérant le jeune Paul. Celui-ci lui envoya alors un coup de pied au visage, le faisant rouler sur le sol. La tête du Harkonnen heurta l'une des parois du vaisseau. Le sang coula en un filet noir et visqueux.

Comprenant que le vaisseau allait bientôt s'écraser, Paul entreprit de prendre les commandes. Il repoussa le cadavre du Harkonnen qui se trouvait au poste de pilotage.










Il manoeuvra et le vaisseau reprit de l'altitude. Jessica rejoignit son fils et prit place à ses côtés. Tous deux constatèrent avec horreur qu'ils venaient d'être pris dans une tempête. Déjà, le sable heurtait violemment le cockpit en paraglass qui résistait encore. Ils allaient devoir traverser la tempête de face, ne pas chercher à l'éviter. Paul se concentra sur le pilotage du vaisseau. Il sentit la panique monter en lui. Il récita alors la Litanie contre la Peur, que lui avait apprise sa mère et qui devait apaiser ses craintes et le rendre plus calme.



Je ne connaîtrai pas la peur, car la peur tue l'esprit. La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. J'affronterai ma peur. Je lui permettrai de passer sur moi, au travers de moi. Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin. Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien.

Rien que moi.



La tempête les heurta alors de plein fouet.







Princesse Irulan : Il est dit que le destin de l'humanité se trouve écrit dans les sables d'Arrakis. La saga de Dune est loin d'être terminée...















BANDE-ANNONCE DE LA SAISON 2

























Paul : Ma mère me parlait parfois du Kwisatz Haderach. Cet homme que le Bene Gesserit attend depuis des milliers d'années et dont les pouvoirs dépassent l'entendement... Suis-je cet homme ? Suis-je l'Elu ?

Harieshka Shadow-Tonkin : Non, car tu es bien plus que cela ! Tu es l'Inattendu ! Et les Soeurs trembleront quand elles le comprendront !

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BANDE-ANNONCE





Dame Margot Fenring : Êtes-vous en train de me dire que des Sardaukars Impériaux ont été envoyés en renfort pour mener cette attaque contre les Atréides ?

Feyd-Rautha Harkonnen : J'ai envoyé moi-même le compte-rendu final à l'Empereur Shaddam IV !

Dune revient sur Francovie Télévision ! Saison 2, samedi 12 octobre

L'année 10,191. L'Empire repose sur une base féodale. L'Empereur est sans cesse obligé de négocier avec le Landsraad, où se réunissent les chefs des Maisons Majeures et Mineures, et avec la Guilde Spatiale, qui détient le monopole sur les voyages intergalactiques. La denrée la plus précieuse de tout l'Univers est l'Epice, le Mélange, qui allonge l'espérance de vie et donne des visions prescientes.

L'Empereur craint la popularité du Duc Léto Atréides, pourtant son cousin du côté maternel, auprès des Maisons du Landsraad, une popularité qui n'a cessé de s'accroitre depuis la Guerre de l'Epice, qui a eu lieu plusieurs années auparavant, peu de temps après son accession au trône. Il décide de l'éliminer, en s'aidant de la rivalité entre les Atréides et les Harkonnen. Le Duc Léto et sa famille sont nommés à la tête de l'exploitation de l'Epice, sur Arrakis, la planète des sables, en remplacement des Harkonnen. Ces derniers reviennent quelques temps plus tard, et avec l'aide du traitre Wellington Huey, anéantissent les Atréides.

Paul et sa mère réussissent cependant à échapper à la mort, mais au cours de leur fuite, ils sont surpris par une tempête des sables.




Il y a 40 ans...


Les trois Fremen se déplaçaient avec prudence et agilité à travers les dunes. Ils avaient cette démarche irrégulière, saccadée, afin de ne pas attirer un ver, sensible au moindre bruit suspect. Ils approchèrent bientôt du sietch d'Habbanya Tuek.

Ils aperçurent alors les soldats Harkonnen. Ceux-ci se risquaient rarement à descendre dans le désert au sud de l'équateur, dans la Zone Interdite. Les soldats fouinaient un peu partout, pénétrèrent dans le sietch qui était inoccupé.


Stilgar : Les chiens d'infidèles, ils ont découvert le sietch ! S'ils repartent et qu'ils racontent ce qu'ils ont vu, le Baron reviendra ici et saccagera tout.

Liet : Ils ne doivent pas repartir vivants, Stilgar.

Stilgar : Compris, Liet ! Nous allons nous en occuper. Farouk, tu nous suis !


Stilgar et Farouk, deux adolescents d'environ 15 ans, descendirent lentement vers le sietch, suivis par Liet, du même âge. Les Harkonnen étaient une petite dizaine, mais cela ne semblait pas effrayer les jeunes Fremen. Ils sortirent leur krys, ces poignards taillés dans la dent d'un ver, et ils bondirent sur les Harkonnen tels des lions en furie. L'éclat brillant des krys virevolta dans les airs, tranchant les gorges, se plantant dans les coeurs. Les Harkonnen furent décimés sans comprendre ce qui leur était arrivé, il n'en restait qu'un seul, qui était bien décidé à vendre chèrement sa peau. Liet vint sur lui, le renversa sur le sol et le tint solidement, pour l'empêcher de bouger. Stilgar comprit ce que son ami avait l'intention de faire.


Stilgar : Liet, non !


Trop tard, Liet venait d'arracher les deux yeux du soldat. Celui-ci se releva et s'enfuit, courant comme un fou loin de ces sauvages, se tenant le visage couvert de sang.


Stilgar : Liet, tu ne vas tout de même pas le laisser s'enfuir !

Liet : Il n'ira pas loin, un ver des sables viendra le dévorer. Au moins, ce chien aura une mort digne, les aveugles sont toujours abandonnés dans le désert. Un cadeau pour Shaï-Hulud. Bien, prenons leur ornithoptère et emmenons leur corps avec nous. L'eau de ces Harkonnen nous appartient, désormais.


Stilgar soupira. La sauvagerie de Liet dépassait tout ce qu'il avait vu jusqu'à présent.

Avant de repartir, il observa les fleurs rares qui poussaient en ce lieu. Elles étaient encore fragiles, mais elles pouvaient survivre.

Même dans ce désert où la pluie ne tombait jamais.








De nos jours...


L'ornithoptère était ballotté par les tourbillons, mais Paul était un très bon pilote. Il manoeuvrait avec dextérité, ses mouvements étaient d'une grande précision qui le surprenait lui-même. A ses côtés, sa mère gardait le silence, des larmes coulaient sur son visage. Mais au fond de lui régnait un calme froid. Le temps de pleurer viendrait plus tard. Pourtant, il aurait dû être effondré, il venait de perdre son père, mais il ne ressentait rien, aucune peine, aucun chagrin, et cela l'effrayait presque plus que la tempête. "Je semble imperméable à toute émotion, pensa-t-il. Que suis-je devenu ? Suis-donc aussi insensible qu'une machine pensante ?" Bientôt, il vit que sur sa droite la tempête commençait déjà à mourir. Il inclina l'orni et se dirigea dans cette direction. Il fallait faire vite, car du sable s'était infiltré dans les ailes de l'appareil et elles ne battaient plus au même rythme. Ils allaient bientôt s'écraser.

Ils réussirent à s'extraire de la tempête, juste à temps car l'appareil cessa brutalement de fonctionner et se rapprochait dangereusement du sol.

Le choc les projeta en avant. Paul se tourna vers sa mère.


Paul : Nous devons partir, tout de suite. Le bruit a probablement alerté un ver, il sera là dans peu de temps et il effacera toutes nos traces. Mais j'aimerais autant qu'ils ne nous avale pas par la même occasion !

Jessica : Ainsi, nous allons devoir fuir. Des renégats, voilà ce que nous sommes devenus ! Un million de morts ne seraient pas encore assez pour faire payer son crime à Huey !


Ils avaient fait à peine quelques mètres, que le cri caractéristique du ver se fit entendre. Celui-ci s'approchait à grande vitesse. Paul et sa mère coururent aussi vite qu'ils le purent et arrivèrent bientôt sur un promontoire rocheux. Ils se mirent à l'abri et se retournèrent. Le ver engouffra l'ornithoptère en un instant. Puis, au lieu de pourchasser ses deux proies, curieusement le ver tourna sa tête gigantesque sur sa gauche et repartit. Au loin, Paul et Jessica entendirent un bruit. Thumb thumb thumb thumb...


Jessica : Quel est ce bruit ? Pourquoi n'a-t-il pas attaqué ?

Paul : On dirait que quelqu'un a appelé le ver.

Jessica : Pourquoi appellerait-on un ver ? Pour nous aider ?

Paul : Je ne sais. C'est... étrange...






Quelque part, au fond de sa conscience, quelque chose le troubla. Il eut le sentiment que les vers ne devaient pas être craints, mais qu'ils devaient être respectés. Il avait également remarqué la forte odeur d'Epice, lorsque le ver était sorti du sable, alors qu'ils n'étaient qu'à une centaine de mètres de lui. "Les vers ont un rôle à jouer sur cette planète, mais lequel ?", s'interrogea-t-il. "Le ver et l'Epice, y a-t-il un lien ?"

L'esprit de Paul fut alors assailli par un flot ininterrompu d'images. Cela allait au-delà des visions qu'il avait eues jusqu'à présent. Il entrevit en un instant un nombre incroyable de futurs possibles.






Il vit la bannière vert et noir des Atréides flottant sur des millions de mondes. La Seconde Lune d'Arrakis se levait. Il savait que cette lune détenait une partie de son avenir. Il vit la guerre embraser tout l'Univers. Il se vit, lui, tenant un bébé dans ses bras et pleurant. Il vit une toute jeune fille, une enfant, qui courait dans le sable. Il regarda sa mère. Et alors, il comprit. C'était pourtant évident, comment ne l'avait-il pas décelé plus tôt ?


Paul : Mère, vous m'avez souvent interrogé sur mes visions. Eh bien je viens d'en avoir une, mais celle-ci était plus claire que n'importe quelle autre vision que j'ai eue. C'est à cause de l'Epice, elle est partout, dans le sable, dans l'air, même dans la nourriture ! Mère, vous portez une fille, ma soeur. Elle naitra ici, sur Arrakis. Et les Fremen la vénèreront comme une déesse.


Jessica tressaillit en entendant son fils. "Comment a-t-il deviné ?", pensa-t-elle. "Je ne le sais moi-même que par mes dons Bene Gesserit ! Par la Sainte Mère, est-il l'Elu ?"

Paul leva les yeux vers le ciel et les deux lunes d'Arrakis. "Nous vivrons auprès des Fremen", se dit Paul. "Ils nous accueilleront et ils m'appelleront Muad'Dib. Mais je ne vous ai pas tout dit, ma mère. Il est encore trop tôt pour que vous appreniez la vérité". Il se leva.


Paul : Mon père ! Mon père ! Je jure que je vengerai votre mort ! Mon père. A présent, je peux vous pleurer.

Lise Carron : Madame, Mademoiselle, Monsieur, bonsoir. Nous voici dans l'une des salles du Palais des Louvrières où le Président de la République a eu l'amabilité de nous recevoir. Bonsoir Monsieur le Président.

Pierre Kikojiro : Bonsoir, Madame Carron, Monsieur de Murtens.

Lise Carron : Monsieur, le Président, vous avez eu une petite flémingite, cette semaine, et les Francovars ont peut-être été inquiets pour votre santé. Alors, ma première question sera celle-ci : comment allez-vous ?

Pierre Kikojiro : Je vais bien. La flemingite cours toujours et j'ai été touché durent deux jours mais je suis guéris a présent et toujours au meilleur de ma forme pour effectuer la mission que m'ont confié les Francovars.

Lise Carron : Vous êtes à la tête du pays depuis bientôt un mois. Êtes-vous satisfait du travail accompli ?

Pierre Kikojiro : J'en suis satisfait. La coalition nationale fonctionne aussi bien que je l'avait espéré, nous avons crée les Prison nationales que je souhaitait, le Livre Blanc de la Défense va renforcer notre armée, la sécurité et l’éducation ainsi que la Religion et la Culture bénéficient de différents projets qui vont les renforcer. A l'international j'avoue avoie eue des difficultés pour faire Adhérer Armara et le Krassland a la nouvelle ACS mais cela sera bientôt chose faite et la Francovie pourra a nouveau se glorifier d'avoir fondé une des plus grandes organisations du Micromonde.

Antony de Murtens : Il y a quelques temps, Mickaël Birmont, député du PAF, a intervenu concernant l'inefficacité des institutions gouvernementales. Je voudrais savoir si vous pensez, qu'en effet, la structure gouvernementale actuelle est un peu dépassée, ou bien si vous vous opposez à Mickaël Birmont ?

Pierre Kikojiro : Etant l'un des fondateurs de la IIIème République je pense que nos institutions fonctionnent bien. Il peut y avoir ici et là quelques améliorations a faire, c'est le but de la Réforme de l'Etat, mais il n'est nul besoins de tout chambouler. La République va bien!

Lise Carron : Que pensez-vous de Pénélope et de son livre Révolution, Révolutions ? L'avez-vous lu ? Quel regard portez-vous sur ses propositions ?

Pierre Kikojiro : Je ne l'ai pas lu, je n'en ai guère le temps. Mais on m'a parlé des propositions faites dans ce livre et il y en a beaucoup qui sont intéressantes. Je dois dire que lors que quelqu'un est en désaccord avec le système je préfère qu'il le fasse a travers un livre qu'en bouleversent l'ordre établi dan notre pays.

Antony de Murtens : Pensez-vous que ce livre pourrait avoir un impact sur le gouvernement actuel ?

Pierre Kikojiro : Comme je l'ai dit, les idées avancée dans ce livre sont intéressantes. Elles peuvent avoir un impact. Mais j'attend de pouvoir le lire en entier pour dire si de telles idées doivent être en application.

Lise Carron : Que pensez-vous de l'instauration du SMIF, est-ce selon vous une bonne chose ?

Pierre Kikojiro : Il y a longtemps déjà, j'était alors Président du RDR, j'avais évoqué la possibilité de faire une telle loi mais a l'époque le Gouvernement Maurier n'en avait pas voulu et la majorité de Gauche non plus. Je suis contant qu'un Député, un représentent du peuple, ai eue l'initiative de proposer a nouveau cette idée et qu'elle ai été votée.

Lise Carron : Comment se passent vos rapports avec votre Premier Ministre qui, il faut le rappeler, était votre adversaire lors du second tour de la Présidentielle ?

Pierre Kikojiro : Mes rapport avec Nicolas Vasseur sont très bons et très professionnels. Il est un bon Premier Ministre et je dois avouer qu'il n’impressionne malgré sa jeunesse. Nous nous sommes affrontés c'est vrai, mais nous avons été assez intelligent, et ça vaut pour les Ministres de Gauche qui ont accepté de travailler avec nous dans le Gouvernement, pour travailler ensembles au service de la Francovie.

Lise Carron : On raconte qu'il y a parfois des différends entre vous. Ce sont uniquement des rumeurs ou est-ce la réalité ?

Pierre Kikojiro : C'est vrai, il nous arrive d'avoir des désaccord, qui n'en a pas? Mais lors que cela arrive nous en discutons et nous réglons ce problème.

Antony de Murtens : La Cour Suprême a condamné, hier, le système routier francovar, seul loi structurant les réseaux routiers et l'utilisation des principaux axes francovars. Que pensez-vous de cette mesure ?

Pierre Kikojiro : La Cour Suprême est dans son rôle. Si la loi était anti-constitutionnelle ils ont eue raison de la condamner. J'espère cependant que cette loi sera corrigée et revoté car elle est importante.

Lise Carron : Julie Delaire a été réélue maire, faute de concurrents. Cela n'est-il pas inquiétant pour la démocratie ?

Pierre Kikojiro : Ce sont aux Partis de décider si ils envoient ou non un candidat je n'ai rien a dire. Je félicite Julie Delaire pour sa réélection.

Lise Carron : Avez-vous des projets, pour la deuxième moitié de votre mandat ?

Pierre Kikojiro : Il y a encore des choses a faire, la Francovie doit intégré la Ligue des Etats Moderne a l'invitation du Krassland, la Réforme de l'Etat sera lancée et j'ai encore des missions a confier aux Ministres tels le Code Pénal, la Réforme de l'immigration, la Loi Organique sur la Municipalisation de la Francovie a laquelle je tient, mais j'ai bon espoir d'achever le programme que je m'était fixé avant la fin du mandat. Ainsi je prouve qu'un programme court et simple est applicable en un mandat comme je 'lai toujours dit.

Lise Carron : Pensez-vous être candidat à votre propre succession ?

Pierre Kikojiro : Il est bien trop tôt pour le dire. Nous ne somme qu'a la mi-mandat. L'heure est au travail et non pas a des candidatures électorales, surtout pour moi!

Antony de Murtens : Hier, une nouvelle équipe de foot a vu le jour sur nos terrains : les Lions Noirs d'Evrain. Pensez-vous que cette équipe puisse réserver des surprises à l'avenir ?

Pierre Kikojiro : (rire) Personnellement je soutient les Phénix d'Almara qui sont bien en peine. Les Lions Noirs peuvent bien se débrouiller je pense, on verra comment ils se débrouillent sur le terrain.

Lise Carron : Merci, Monsieur le Président et une bonne soirée à vous tous qui nous regardez.

Pierre Kikojiro : Merci à vous.

Antony de Murtens : Bonsoir à tous.

La nouvelle économique du jour c'est la Croissance qui monte en Francovie, tout de suite l'avis d'un expert Monsieur Latour, Gouverneur de la BCF. Monsieur Latour?


Achille Latour: Pardon...Ca vous gêne pas que la petite prenne des notes? C'est pour son stage a la BCF!
X.D: Ah bon? Vous prenez des stagiaires a la BCF vous?
A.L: Oui! Nous sommes en faveur de la formation des jeunes a la BCF! C'est l'avenir!
X.D: Vraiment? Elle a pas l'air de prendre beaucoup de notes là...
A.L: Ecrit idiote!!
X.D: Dites vous êtes bien sur que c'est une stagiaire ça?
A.L: Oui oui!

Richard Kold entra dans le bureau de Latour


Kold: Eh Achille t'a fini avec la petite? J'ai un autre client qui attend! Ouuups....pardon.

Il ressort, Latour est gêné.

X.D: Une stagiaire hein?
A.L: Heu......si vous pouviez ne rien dire a personne....

Rires!

Xavier Durand: Pour finir nous allons demander l'opinion du Premier Ministre sur l'affaire des sosies de Maurier. Monsieur Vasseur?


Nicolas Vasseur: Oui M'sieur?
X.D: On voulait ton opinion de Premier Ministre sur l'affaire des sosies de Stéphane Maurier?
N.V: Stéphane Maurier? C'est qui?
X.D: Un ancien Président de la République couillon!
N.V: Aaaah oui! Le petit chauve qui arrive pas a crever?
X.D: Ca c'est Daniel Morgan....
N.V: Le grand militaire qui a été Dictateur?
X.D: Non...ça c'est Jallan.....
N.V: Le petit nabot qui me traite avec condescendance toute la journée?
X.D: Pierre Kikojiro.....
N.V: Mais qui c'est Stéphane Maurier alors????
X.D: C'est bien ce qu'on se demande. On ne sais pas. ce qu'on sais c'est qu'on a une passoire en guise de Premier Ministre! Allez a ciao Bonsoir!

Les Harkonnen ne mirent pas longtemps à se réapproprier la forteresse d'Arrakeen. Tout ce qui pouvait rappeler la présence des Atréides en ces lieux fut retiré. Le Faucon Noir des Atréides fut remplacé par le Griffon des Harkonnen.

Le Baron était à sa table et savourait un plat de limachon agrémenté d'une sauce aux champignons. Le limachon était un produit Tleilaxu. C'était un animal créé par manipulation génétique, un croisement entre la limace et le cochon. Vivant, c'était un animal absolument répugnant mais il donnait la viande "la plus succulente de ce côté du Paradis", selon les Tleilaxu qui l'avaient créé.

Le soldat Harkonnen qui venait faire son rapport attendit patiemment que le Baron s'aperçoive de sa présence. Celui-ci releva enfin la tête.


Baron Harkonnen : Oui, qu'y a-t-il ?

Soldat Harkonnen : La Sorcière Bene Gesserit et son fils, ils sont morts, Mon Seigneur.


Le Baron ne répondit pas. Il poursuivit son repas. Le soldat ne savait s'il devait ou non répéter sa phrase, craignant d'attirer sur lui la colère de son maître. "Laissons-le trembler de peur. Voila l'instrument du pouvoir, les menaces et la peur. Ensuite, ils deviennent des jouets dont on peut faire tout ce que l'on veut", pensa le Baron.


Baron Harkonnen : Ils sont morts, dis-tu ? Mais, dis-moi, as-tu retrouvé leur corps ?

Soldat Harkonnen : Non, Mon Seigneur. Mais, la tempête...

Baron Harkonnen : Un instant, un instant. Tu dis que tu n'as pas retrouvé leur corps et tu oses m'interrompre pendant mon repas, pour me dire qu'ils sont morts ?

Soldat Harkonnen : Mon Seigneur, leur orni a été pris dans une tempête, ils n'ont pas pu y échapper. Ils sont probablement morts.

Baron Harkonnen : Ah, maintenant tu me dis que c'est une probabilité ! Je me moque des probabilités ! Prends des hommes avec toi et allez dans le désert. Vois si tu peux trouver quelque chose qui me confirmera qu'ils sont bien morts !

Soldat Harkonnen : Bien, Mon Seigneur ! Je pars tout de suite !


Il partit aussitôt, trop content d'être sorti vivant de cette entrevue.





Le Baron réfléchit à ce que le soldat venait de lui rapporter. Oui, bien sûr, cette maudite sorcière et son fils devaient avoir péri dans la tempête, il était impossible de s'en sortir vivant lorsqu'on était happé par ces vents tourbillonnants qui pouvaient atteindre des vitesses inimaginables et ronger la chair jusqu'à l'os.

Il se leva de table et se servit un verre de liqueur de Kirana. Il avait toutes les raisons de se réjouir ! Les Atréides avaient été totalement anéantis, il avait repris le contrôle d'Arrakis et l'Epice allait à nouveau enrichir la Maison des Harkonnen !

A ce moment, Feyd-Rautha et Rabban entrèrent dans la pièce. Le Baron les accueillit.


Baron Harkonnen : Feyd, Rabban, mes chers neveux ! Nous pataugeons dans le sang des Atréides ! Ah, des siècles d'injustice balayés en quelques heures ! Enfin, nous avons eu notre vengeance !

Rabban Harkonnen : Oui, Mon Oncle ! C'en est fini des Atréides !

Baron Harkonnen : A présent, mon neveu, je vais t'accorder une faveur, une immense faveur.


Feyd fut surpris d'entendre son oncle promettre une faveur à Rabban. "Depuis quand ce vieux fou est-il bon avec des membres de sa famille ? Que manigance-t-il ? Quelle idée a-t-il derrière la tête ?"


Baron Harkonnen : Vois-tu, Rabban, je pense qu'il est temps que je te confie une responsabilité à la hauteur de tes capacités. J'ai décidé de te nommer Gouverneur sur Arrakis ! Tu seras le représentant de notre Maison sur cette planète et tu agiras en mon nom ! Ton frère et moi, nous repartons sur Giedi Prime.

Rabban Harkonnen : C'est un honneur que vous me faites, mon Oncle. Je ferai tout pour être à la hauteur.

Baron Harkonnen : Et tu seras à la hauteur, mon neveu. Cette petite guerre contre les Atréides nous a coûté une fortune ! J'ai dû verser des millions de Solaris à la Guilde, afin d'amener sur Arrakis toutes nos troupes ainsi que les Sardaukars ! Je veux que cette planète me paye ce que j'ai dépensé pour elle. Presse-la comme un citron, réduis ces Fremen à l'esclavage, ne montre aucune pitié, ni aucune miséricorde ! Donne-moi de l'Epice, toujours plus d'Epice !

Rabban Harkonnen : Oui, Baron ! Vous pouvez me faire confiance !



"Et quand tu auras suffisamment persécuté ces pauvres diables, ces poux du désert, alors je leur enverrai Feyd. Ah, Feyd, mon adorable neveu, si délicat..."

Baron Harkonnen : Viens, Feyd. Allons donc dans ton harem. J'y ai aperçu ces esclaves que tu as fait venir à mon intention et je vais en choisir un ou deux pour la nuit !

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Princesse Irulan : Paul Atréides naquit sur Caladan, le berceau de sa famille. Mais Dune et son désert resteront sa maison, pour toujours.









Jessica dormait encore mais Paul, lui, était éveillé. Après avoir enfilé leur distille, ces vêtements qui recueillaient toute l'humidité de leur corps, ils avaient dressé une tente puis s'étaient couchés pour la journée. Sur Arrakis, les déplacements se faisaient de nuit, le soleil étant trop brûlant dans la journée.

Paul était assis en tailleur, sur le sable. Devant lui, une souris-kangourou sortit de son trou et l'observa de ses deux petits yeux noirs. Puis elle retourna dans son trou.

Que se passait-il en lui ? Il sentait que tout ce qui l'entourait lui envoyait des informations à chaque instant, comme s'il ne formait qu'un tout avec le désert entier. Il perçut le cri d'une buse au-dessus de lui, le sable qui coulait sur une dune, sur sa droite. Plus surprenant, encore : il percevait la moindre variation de température. Tout cela lui parvenait, son esprit disséquait l'information puis la rangeait. Était-ce donc cela, être Mentat ?

Il pensa alors au Programme Génétique des Bene Gesserit. Était-il celui qu'elles attendaient toutes ? Et dans ce cas, où était son libre-arbitre, pouvait-il réellement faire des choix ? De par sa naissance, son destin était-il tout tracé ? Il frappa le sol avec son poing, rageusement. La colère monta en lui.

Son esprit ajouta cette information à toutes les autres.


Jessica Atréides : Paul, pourquoi ne m'as-tu pas réveillée ?

Paul Atréides : Vous aviez besoin de sommeil, dans votre état.

Jessica Atréides : Je sens de la colère en toi.

Paul Atréides : Oui, je suis en colère. Vous et les Bene Gesserit, vous avez fait de moi un monstre ! A quoi pensait cette Soeur qui a lancé l'idée du Kwisatz Haderach ? Et vous, n'aviez-vous donc que cette idée en tête quand vous avez séduit mon père ?

Jessica Atréides : Paul, je ne sais pas quelle est la finalité du Kwisatz Haderach, je ne suis qu'un maillon de la chaine. J'ai été unie à ton père dans ce but, mais tu dois savoir qu'au départ, c'est une fille que je devais concevoir. C'est par amour pour ton père que j'ai désobéi aux Soeurs et qu'elles m'ont exclue de l'Ordre. Paul, j'aimais ton père, plus qu'aucun être dans tout cet univers.

Paul Atréides : Je vous crois, mère. Je dois vous rapporter quelque chose, à ce propos. Lorsque les Harkonnen ont tenté de le faire douter de vous, en envoyant un faux message qui insinuait votre trahison, c'est uniquement pour tromper l'ennemi qu'il a accepté que Thufir Hawat vous fasse suivre. Mère, il m'a fait promettre de vous dire qu'à aucun moment il n'a douté de votre fidélité envers la Maison des Atréides et qu'il vous aimait plus que tout. Il voulait que vous le sachiez.

Jessica Atréides (en essuyant une larme qui coulait sur sa joue) : Les Harkonnen ! Qu'ils soient tous maudits pour l'éternité !


Paul comprit que le moment était venu pour sa mère de connaitre la vérité, cette vérité qu'il avait compris tout récemment. Cela l'avait surpris que sa mère ne soit pas parvenue seule à cette vérité. Avait-il donc plus de perspicacité qu'une Bene Gesserit ?


Paul Atréides : Ne soyez pas trop prompte à lancer une malédiction sur les Harkonnen, mère. Nous sommes des Harkonnen.

Jessica Atréides : Que veux-tu dire ? La famille Atréides est descendante des Corrino, des Richèse. Y a-t-il eu avant cela une union entre les Atréides et les Harkonnen ?

Paul Atréides : Cela ne remonte pas aussi loin dans le passé ! Mère, vous êtes la propre fille du Baron !

Jessica Atréides : Qu... quoi ? C'est insensé ! Non, je refuse de le croire, tu te trompes ! Le Baron est homosexuel, les femmes ne l'intéressent pas ! Paul, l'homme responsable de la mort de Léto ne peut pas être mon père !!

Paul Atréides : Le Baron s'est laissé aller à bien des plaisirs, par le passé. Observez bien quand vous vous regarderez dans un miroir. La forme de votre visage, de votre nez ! La couleur de vos cheveux ! Par vous, le sang des Harkonnen coule dans mes veines.




Jessica se leva et partit en pleurant. Elle alla se réfugier sous la tente.




C'est à ce moment que trois ornithoptères apparurent dans le ciel et entamèrent un atterrissage.